Haïti : les femmes rurales en première ligne pour le climat

Après l’important séisme d’août 2021 en Haïti, où la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles est particulièrement élevée, les femmes rurales participent à l’effort communautaire pour tenter de faire face aux conséquences du changement climatique.

Des femmes participent à l’effort communautaire en Haïti.

Des conséquences post-séisme persistantes 

Le 14 août dernier, un séisme d’une magnitude estimée à 7,2 a frappé Haïti. 2 248 personnes sont décédées, 12 763 blessées et 329 portées disparues. (1)

Aussitôt mobilisée sur le terrain pour distribuer des kits de première nécessité et ouvrir une dizaine de centres d'accueil, ONU Femmes a évalué que 2 500 000 femmes étaient en situation d’urgence. Ainsi, au-delà du tremblement de terre qui a eu des conséquences déplorables à court terme, le séisme d’août dernier a engendré des répercussions qui perdurent à moyen et à long terme, en particulier pour les femmes et les filles. Les perturbations provoquées par le dérèglement climatique à l’instar de ce séisme ont eu pour conséquence une très forte augmentation des violences faites aux femmes. Une étude publiée en 2021 par ONU Femmes et CARE fait état d’un constat accablant : moins de six mois après le séisme de 2010, le taux de grossesse a été multiplié par trois en Haïti. Pour preuve, 12% des femmes réfugiées résidant dans des camps étaient enceintes et parmi elles, seul un tiers était des grossesses désirées. (2)

Au-delà d’être menacées pour leur sécurité physique et/ou sexuelle, les femmes et les filles se retrouvent confrontées à de multiples obstacles. Contraintes d’abandonner l’école pour participer à la reconstruction des installations détruites, les filles doivent également renoncer à leur éducation. 

 

Des femmes rurales pleinement engagées face au changement climatique

Les populations fortement touchées par le séisme tentent de se reconstruire et parmi elles, les femmes rurales sont en première ligne des actions menées. C’est le cas de Bernadette Charles qui anime des formations pour les consoeurs de sa coopérative en Haïti, qui compte près de 200 membres. L’objectif est de les aider à développer des activités génératrices de revenus, notamment pour combler les pertes causées par le séisme. Bernadette se rend également dans des régions reculées pour offrir des plantules à des femmes n’ayant pas accès aux services de base. (3)

À l’occasion de la 66ème session de la Commission de la condition de la femme (CSW) ouverte ce lundi, António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que pour forger un avenir durable pour nous toutes et tous, « les femmes et les filles doivent être au premier plan et montrer la voie ». 

C’est ce que les femmes rurales haïtiennes s’attachent à faire au quotidien en faisant preuve d’une résilience remarquable, telle qu’Yvonne qui a pu relancer son activité grâce à une initiative du Programme des Nations unies pour le Développement intitulée « Femmes Entrepreneures ». Mise en œuvre en étroite collaboration avec les plateformes communautaires locales, l’objectif est d’offrir à des femmes haïtiennes en situation de vulnérabilité une formation de qualité en gestion, tout en les aidant à investir dans des équipements pour leur permettre de développer leur entreprise.

Des femmes se joignent à un effort communautaire pour réhabiliter les routes endommagées par le tremblement de terre dans le sud-ouest d'Haïti.

Vers une reconstruction plus résiliente et égalitaire

Représentant de véritables moteurs dans la réalisation de l'action climatique, les femmes et les filles doivent de fait être intégrées à la fois dans la conception et la mise en œuvre de celle-ci. Cette intégration contribue par ailleurs à leur autonomisation essentielle dans le contexte du dérèglement climatique.

Ainsi, pour tendre vers une reconstruction plus pérenne et être en mesure de préparer la société égalitaire et résiliente de demain, nous avons besoin du leadership des femmes et des connaissances et savoir-faire irremplaçables qu’elles ont à apporter.

L’égalité de genre doit dès lors être au cœur des solutions liées au climat et à la transition écologique. Il existe tout un panel d’options envisageables qui s’inscrivent parfaitement dans cette perspective telles que l’intégration de la dimension de genre dans les politiques et programmes relatifs à la réduction des risques de catastrophes ; le renforcement de la résilience des femmes et des filles, des systèmes de santé et de la prévention des violences sexuelles et sexistes ; ou encore l’accroissement du financement sensible au genre dans le cadre des initiatives relatives au climat et à l’environnement.

En somme, sans la participation pleine et égale des femmes et des filles à la réponse climatique, nous ne pouvons prétendre à la résolution de la situation en Haïti.

Sources

(1) Source : Rapport de la Direction de la Protection civile, Septembre 2021. Disponible ici.

(2) Source : ONU Femmes et CARE (2021, 12 septembre). « Analyse Rapide Genre : Tremblement de terre du 14 août en Haïti  », p.25. Accessible ici.

(3) Source : Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Article du Bureau adapté ici.