Haïti : les femmes et les filles surexposées aux violences depuis le séisme

En Haïti, le chaos suivant le séisme a bouleversé le système de protection et de sécurité du pays, d’ores et déjà précaire. Cette situation a entraîné une multiplication des risques de violences. Dans ce contexte, 70% des femmes* ont indiqué que leur peur de la violence avait augmenté depuis le tremblement de terre d’août 2021. La protection et la sécurité des femmes et des filles sont une priorité absolue.

L’exacerbation des violences économiques 

Le tremblement de terre a des conséquences économiques importantes car nombre d’Haïtien.ne.s ont perdu leur source de revenu. Les femmes deviennent de plus en plus dépendantes de leurs conjoints qui eux-mêmes ont perdu leurs ressources financières telles que leurs emplois ou leurs biens. Les femmes propriétaires, déchues des commerces et des entreprises économiques, se retrouvent quant à elles endettées, sans savoir comment honorer leurs dettes contractées auprès des banques et des institutions. 

Au-delà de ces problématiques économiques, les communautés intérrogées* pointent du doigt d’autres risques : le manque d’abri décent (49 %), le manque de protection (22 %), le risque d’effondrement des abris (14 %), le traumatisme psychologique (10 %) et les violences sexuelles (4 %). 


La montée de l’insécurité dans la rue et dans les camps de fortune 

L’absence d’un abri est donc considérée par 49 % des jeunes filles comme leur principale préoccupation. Selon le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies, les “points de rassemblement ne disposent pas de mesures de sécurité et de protection adéquates répondant aux normes établies”*. En effet, la promiscuité dans les camps surpeuplés, l’absence d’intimité et le partage des toilettes, le manque d’électricité et d’éclairage des sites augmentent considérablement les taux de violences. Loin de la cellule familiale détruite par le séisme, les filles sont à risque élevé de viol, de grossesse précoce ou non désirée et de maladies infectieuses comme le VIH.

Les catastrophes naturelles telles que le séisme haïtien créent des conditions qui intensifient les facteurs de risque préexistants de violence : effondrement des espaces de sécurité communautaires, absence de mécanismes de signalement, stigmatisation, culture du silence et traumatismes multiples.

En Haïti, en dehors des camps de fortune, les femmes et les filles sont aussi menacées dans la rue. Dans les quartiers où les résident.e.s ont un faible revenu, le risque d’être agressé sexuellement est 27 fois plus élevé que dans les zones plus riches et moins densément peuplées.* 


Les violences au sein du foyer

Au-delà de l’espace public, les violences concernent également la sphère privée. Selon une analyse d’ONU Femmes et CARE , 42 % des femmes mariées âgées de 15 à 19 ans ont subi des violences de la part de leur partenaire*. De plus, 66 % des femmes survivantes n’ont jamais signalé les actes de violence sexuelle par crainte de représailles et à cause de préjugés sociaux*. 

Selon la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence à l’égard des femmes*, le recours à la violence contre les femmes n’est pas lié au niveau d’éducation, aux croyances religieuses ou au statut économique, mais est répandu dans toutes les couches de la société haïtienne comme une norme sociale au sein du mariage. En effet, 80 % des hommes considèrent que la violence à l’encontre des femmes est une affaire strictement familiale et la justifie lorsqu’elles ”manquent de respect“ ou ”désobéissent.” *

La prévention et la sensibilisation de fond, sur le long terme, sont donc capitales en Haïti où les violences, déjà existantes, s’accroissent considérablement en temps de crise. C’est aujourd’hui et maintenant qu’il faut soutenir et accompagner les femmes et les filles haïtiennes en danger.

ONU Femmes mobilisée sur le terrain 

Depuis le tremblement de terre, ONU Femmes travaille aux côtés du ministère haïtien de la Condition féminine, de la société civile et des organisations de femmes. Nous apportons un soutien technique et financier aux organisations de femmes pour faire en sorte que les femmes et les filles et leurs droits soient inclus dans la relance économique. ONU Femmes se concentre sur la facilitation de l'accès à la nourriture, aux kits de protection et aux services pour les femmes et les filles. Le renforcement de la résilience des femmes est mis en place en fournissant un soutien financier et en plaidant pour des mesures politiques à moyen et long terme qui incluent les femmes dans la reprise économique.

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