Dans les mots d’Astur* : "Les réseaux de femmes fonctionnent à différents niveaux pour mettre fin à la guerre."

Astur est une militante pour les droits des femmes et une écrivaine. Elle a publié un roman et produit plusieurs épisodes d’une série radio, tous axés sur des enjeux relatifs aux femmes. Elle est l'une des fondatrices de l'initiative de sensibilisation des femmes dans la région du Nil Bleu, qui vise à promouvoir la participation active et le leadership des femmes et des filles et à lutter contre les violences à l’encontre des femmes.


Astur dirige l'Alliance Féministe dans la région, qui défend la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle est membre de plusieurs initiatives et réseaux de femmes aux niveaux local et régional. Elle est également formatrice et chercheuse dans les domaines du genre et du développement.

Le 16 avril 2023, elle a lancé la campagne "Mères du Soudan" pour s'opposer à la guerre en cours au Soudan. Elle a également organisé la première manifestation de femmes contre la guerre, qui s'est tenue à Khartoum le 23 avril.

L’impact de la guerre sur les femmes et les filles

L’actuelle guerre au Soudan a de nombreuses répercussions à la fois directes et indirectes sur les femmes. Dans les zones de guerre, de nombreuses femmes ont été tuées ou blessées durant les affrontements à cause des tirs ou des bombardements à l’intérieur et à l’extérieur de leurs maisons. Elles ont également subi des violations sexuelles de la part des forces présentes dans la région et dans leurs quartiers. De plus, elles sont confrontées à l’insécurité, au déplacements et à des situations menaçant leurs vies, notamment en raison de l’absence de services de base tels que l’eau et les l’accès à la santé. Elles souffrent de traumatismes, de peur et de panique, ainsi que de pertes de revenus. De nombreuses femmes ont rejoint des bandes organisées qui se livrent au pillage.

La pression économique a entraîné une augmentation de l'exploitation sexuelle, de l'engagement dans des professions plus dangereuses, de la pauvreté et de la perte de membres de la famille. De nombreux soldats originaires d'États situés en dehors de Khartoum ont été tués dans les batailles, laissant leurs familles à la charge de femmes sans autre source de revenus.

Un autre effet indirect est l'augmentation de la violence conjugale. Les taux de criminalité ont également augmenté en raison du chômage et de l'afflux de personnes fuyant Khartoum sans le soutien nécessaire. De plus, le manque de services a affecté les centres de maternité et les services de santé reproductive.

Les efforts des groupes de femmes

La guerre a entraîné une coordination accrue entre les groupes de femmes et la création d'une forte solidarité entre les femmes dans tous les États du Soudan. Plusieurs réseaux travaillent à différents niveaux pour mettre fin à la guerre, comme le réseau "Femmes contre la guerre" et la campagne "Mères du Soudan". Ces groupes documentent les violations, surveillent la situation, plaident pour la paix et font pression sur la communauté internationale et les autres parties pour qu'elles soutiennent une résolution et parviennent à la paix. Elles apportent également un soutien aux familles touchées, offrent un abri aux personnes déplacées, facilitent l'évacuation des personnes piégées à Khartoum et fournissent des services de santé.

Les actions prioritaires des “Mères pour le Soudan” (“Mothers for Sudan”)

En plus de son analyse de la crise actuelle, l'organisation s'est efforcée de créer diverses stratégies tout en apportant un soutien psychosocial vital aux survivant.e.s.

Le groupe “Mères pour le Soudan” s'est transformé en une plateforme principalement axée sur le partage d'informations. Compte tenu de l'urgence et de la gravité des circonstances, leur objectif premier est désormais de sauver des vies, ce qui les empêche de se réorganiser complètement et de fonctionner au maximum de leurs capacités.

Les priorités d'action de "Mères pour le Soudan" sont les suivantes :

  • Pression internationale sur les parties pour qu'elles mettent fin à la guerre.

  • Pression internationale sur les parties pour qu'elles mettent fin aux violations commises à l'encontre des civil.e.s.

  • Fournir une aide d'urgence aux personnes déplacées dans les zones touchées.

  • Soutenir les efforts, les réseaux de solidarité et les initiatives des femmes, assurer leur participation active à la consolidation de la paix et aux négociations, et surveiller la mise en œuvre.

  • Documenter toutes les violations afin de garantir que leurs auteurs soient jugés équitablement.

  • Soutenir la protection et l'assistance immédiate pour les personnes non déplacées, en particulier les femmes qui ont perdu leur revenus et sont chargées de responsabilités supplémentaires.

  • Mener des études et des enquêtes afin d'évaluer les répercussions économiques et sociales à court et à long terme sur les femmes.

  • Soutenir les efforts visant à rétablir la voie démocratique et veiller à ce que les militaires ne conservent pas le pouvoir après la fin de la guerre.

  • Élaborer et adopter des plans de résilience urgents pour les communautés touchées et les segments vulnérables des sociétés indirectement touchées afin d'en atténuer l'impact.

  • Fournir un soutien psychologique et une assistance directe aux victimes de violations sexuelles.

Ces actions seront coordonnées par la plateforme "Paix pour le Soudan". Les priorités de la plateforme "Paix pour le Soudan" consistent à coordonner les efforts et à défendre les questions relatives aux femmes pendant la guerre en cours, à assurer la protection des femmes dans les zones touchées par la guerre, à faire entendre la voix des femmes dans les communautés internationales, régionales et locales, et à faire pression pour que les femmes soient incluses dans tous les processus de paix.

Astur* et d'autres activistes qui font partie de la plateforme "Paix pour le Soudan", soutenue par ONU Femmes Soudan, appellent à la fin du conflit au Soudan et promeuvent le rôle des femmes dans les processus de paix et le travail pour un Soudan durable. Le travail de ces femmes s'inscrit dans le cadre de l'objectif 16 de l'ODD sur la paix, la justice et les institutions fortes.

Grâce à la mobilisation de l'application Weward et de ses utilisateur.ice.s engagé.e.s, ONU Femmes France a réussi à financer l'équivalent de 400 kits d'urgence pour les femmes et les filles soudanaises.

Le chemin qui nous attend est encore long, et les besoins de la population ne cessent de croître de jour en jour. Cependant, nous ne baisserons pas les bras. Nous nous engageons à ne laisser aucune femme ou fille sur le côté.

Avec votre soutien précieux, nous pourrons continuer à apporter notre aide aux organisations de femmes au Soudan et à fournir une aide humanitaire d'urgence essentielle aux femmes et aux filles dans le besoin.

*Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d'ONU Femmes.

SOUTENEZ NOS ACTIONS

Ensemble, permettons aux survivantes soudanaises de se reconstruire et mettons un terme à ces violences.