Dans les mots de Barkhado* : “Les associations de femmes peuvent contribuer à la consolidation de la paix en participant aux négociations et en encourageant le dialogue entre les belligérants.”

Barkhado est une activiste soudanaise titulaire d'un master en paix et développement. Elle est déléguée de la jeunesse auprès des Nations unies pour l’année 2023, ambassadrice “ Global Peace Chain” et cofondatrice de "Open Up for Peace and Development" et de la "African Leadership Convention". Elle a travaillé sur le projet de soutien à la transition démocratique au Soudan (participation politique des femmes) et en tant que coordinatrice du projet de justice transitionnelle avec "Open Up". Elle a également été responsable du bureau des Relations Internationales à l'Institut des Sciences Judiciaires et Juridiques (Sudan) et s'intéresse à la participation politique des jeunes, aux droits humains et à la consolidation de la paix.

Témoignage associations de femmes au Soudan

L’actuel conflit au Soudan, en particulier à Khartoum et au Darfour occidental (El Geneina), a entraîné une destruction massive des infrastructures et l'effondrement des systèmes sociaux et politiques. Ce contexte particulier a généré le meurtre de civils, le viol de femmes et une escalade des violences dans les zones les plus touchées. Les femmes et les jeunes filles endurent diverses formes de violences et en subissent les effets sur le long terme. Elles ne bénéficient pas de services essentiels comme l'accès à l’eau, et rencontrent des difficultés pour accéder aux soins de santé et à un soutien économique. Les violences à l'encontre des femmes ont été commises par des militaires, des rapports alarmants font état d'agressions sexuelles. Malheureusement, en raison du contexte difficile, les femmes concernées ne peuvent pas bénéficier d'un soutien médical complet. Selon les rapports de l’Anti-Violence Protection Unit, 11 cas de violences sur des femmes ont été enregistrés dans différents quartiers de Khartoum.

Les besoins urgents des femmes

Les femmes et les filles doivent être protégées contre les violences sexistes, les agressions sexuelles et les viols. Elles doivent avoir accès aux services de santé, y compris aux soins médicaux pour les survivantes de viol, ainsi qu'aux serviettes hygiéniques et aux contraceptifs. Des services de soutien doivent être fournis à celles qui ont subi des violences, en particulier des violences sexistes, des traumatismes et des déplacements forcés. Il faut également aider les femmes et les filles à quitter Khartoum afin qu’elles puissent s'installer dans des villes plus sûres, en particulier, celles qui ont des besoins spécifiques, les enfants et les personnes âgées. Les femmes et les filles doivent avoir la possibilité de s'instruire afin de s'émanciper et de réaliser leur potentiel. Il est nécessaire de leur donner accès aux opportunités d'emplois et aux ressources économiques.

Le rôle des mouvements de femmes

Les associations de femmes jouent un rôle essentiel en fournissant des abris, de la nourriture, de l'eau, des soins de santé et un soutien psychologique. Elles se montrent vigilantes face aux violences et sensibilisent la population à la nécessité de mettre fin à la guerre. Elles peuvent contribuer à la consolidation de la paix en participant aux négociations et en encourageant le dialogue entre les belligérants, afin de promouvoir des solutions pacifiques aux conflits au Soudan.

La plateforme “Peace for Sudan”

La plateforme "Peace for Sudan" se concentre sur les initiatives des femmes dans différents États pour faire face à la situation actuelle. Les priorités du réseau comprennent la promotion du dialogue entre les parties belligérantes, l'encouragement de solutions pacifiques et l’accès à un soutien essentiel tel qu'un abri, de la nourriture, de l'eau, des installations sanitaires, des soins de santé et l’accès à l'éducation pour les femmes et les filles touchées par la guerre. Le réseau donne également aux femmes les moyens de faire entendre leurs voix et de travailler avec leurs communautés pour mettre fin à la guerre et aux violations commises contre les femmes. En outre, le réseau vise à renforcer la collaboration et le partage des connaissances entre les différentes organisations de femmes.

Les priorités sont les suivantes :

  • Identifier les priorités des femmes et travailler à leur réalisation, en les communiquant aux organisations internationales et aux organismes de défense des droits humains.

  • Fournir un soutien et des soins aux femmes et aux filles, y compris des abris, de la nourriture, de l'eau, des installations sanitaires, des soins de santé et un soutien psychosocial pour les personnes touchées par la guerre.

  • Faire participer les femmes aux processus de paix et à la prise de décision et renforcer leur rôle dans la résolution des conflits et la consolidation de la paix.

  • Contribuer aux efforts de consolidation de la paix en encourageant le dialogue, la compréhension et la coopération entre toutes les parties belligérantes.

  • Assurer la protection des femmes et des filles contre les violences, en particulier les violences fondées sur le genre.

  • Promouvoir la paix et le développement.

  • Faire pression pour que la guerre cesse et renforcer le rôle des femmes en encourageant le soutien de la communauté locale.

  • Soutenir financièrement les femmes déplacées de force et leur offrir des possibilités d'emploi.

La communauté peut soutenir ces priorités par divers moyens, notamment en encourageant les organisations locales et en facilitant la collaboration et la coordination. De plus, la communauté peut apporter son soutien aux femmes et aux jeunes filles victimes de la guerre et soutenir les efforts visant à trouver une solution pacifique au conflit.

En outre, lors des négociations, il est important d'établir un réseau qui assure la participation des femmes aux processus de prise de décisions et garantit leur représentation. Les partenaires devraient également mettre en place une ligne téléphonique d'urgence pour signaler de manière anonyme les violences fondées sur le genre. Les organisations de défense des droits des femmes devraient former un groupe chargé de documenter les violences, de rassembler et de conserver les informations et d'œuvrer pour dispenser un soutien psychosocial afin de traiter les traumatismes et l'impact psychologique de la guerre.

Les partenaires devraient créer des possibilités d'emploi pour les survivants et aider les femmes et les familles à atténuer les difficultés économiques ou à accéder aux soins médicaux nécessaires. Les organisations de défense des droits des femmes peuvent faire pression sur les gouvernements pour qu'ils facilitent les procédures de demande de justice et de refuge pour les femmes fuyant la guerre. C’est aussi l’occasion de plaider en faveur du paiement des salaires des femmes en nous engageant auprès des différentes parties prenantes.

*Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d'ONU Femmes.

*Le nom a été modifié pour protéger sa vie privée.

Article traduit, initialement publié sur le site d’UN Women Africa

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