Oleksandra Matviichuk, l'avocate ukrainienne qui lutte contre les crimes de guerre
En ce mois de mars, un an après le début de l’invasion russe en Ukraine, ONU Femmes France met en lumière le travail de Oleksandra Matviichuk, avocate et activiste ukrainienne pour les droits humains.
« Apprends, s’il te plaît »
Née à Boïarka dans une famille russophone modeste, Oleksandra Matviichuk devient avocate en 2007. C'est au cours de son adolescence, en découvrant l'existence des violences dans les Goulags*, que son engagement commence. Elle consacre sa jeunesse à l’apprentissage du droit, de la sociologie et de la science politique. Curieuse et volontaire, la phrase «Apprends, s’il-te-plaît », que ses parents lui répétaient, est devenue sa devise. En effet, l’éducation représente une forme d’émancipation essentielle pour l’activiste.
Un appel aux libertés démocratiques et à la lutte contre les violences faites aux femmes en zone de conflit
En 2013, ses travaux de plaidoyer débutent avec les campagnes #LetMyPeopleGo et #SaveOlegSentsov, dont l’objectif est de militer pour la libération de prisonniers politiques en Russie et au Bélarus. Elle fut également membre du mouvement ukranien « Révolution pour la dignité » durant lequel elle fournit une aide juridique aux manifestants pacifiques inquiétés par la justice.
Ses travaux de documentation sur les crimes de guerre commis par les soldats russes débutent en 2014, alors que les guerres du Donbass et de Crimée venaient d’éclater. Grâce à la portée de ses recherches, la réalité des crimes de guerre commis en Ukraine dépasse les frontières tout en alertant et mobilisant la communauté internationale. Le 4 juin 2021, Matviichuk a été nommée au Comité des Nations Unies contre la torture (CAT). Elle dénonce la culture de la violence et de dénigrement de la dignité humaine et appelle à y mettre fin collectivement.
L’avocate âgée de 39 ans représente un modèle d’engagement en faveur des droits humains et de la démocratie. Elle préside désormais l’ONG Centre pour les Libertés Civiles, décorée du Prix Nobel de la Paix en 2022. Après avoir déjà recensé plus de 36 000 cas d’abus depuis février 2022, elle appelle la Cour pénale internationale à traduire en justice les auteurs de ces crimes. Parmi les victimes, Matviichuk rappelle qu’une part considérable d’actes inhumains réalisés en Ukraine sont dirigés vers les femmes. En effet, la crise en Ukraine affecte les femmes et les filles de manière disproportionnée, qui sont exposées au harcèlement, à l'exploitation et aux abus sexuels, ainsi qu'au trafic des êtres humains (1). De nombreux cas de violences liées au conflit ont été signalés, y compris des viols sur mineures (2). Pour Matviichuk, la mobilisation des acteurs de défense des droits des femmes reste essentielle.
SOUTENEZ ONU FEMMES
Sources
ONU Femmes, Rendre l'invisible visible : une analyse factuelle du genre dans la réponse régionale à la guerre en Ukraine (Making the Invisible Visible: An evidence-based analysis of gender in the regional response to the war in Ukraine), p.31-36, 12 octobre 2022. Accessible ici en anglais.
UNFPA, Ukraine : Violences basées sur le genre : examen des données secondaires (Ukraine: Gender-based violence: Secondary Data Review), 27 avril 2022. Accessible ici en anglais.
ONU Femmes, Un an après le début du conflit en Ukraine : où en sommes-nous ?, 23 février 2023. Accessible ici.
* Système concentrationnaire ou répressif de l'Union soviétique, ou des pays à régime totalitaire. (Dictionnaire Larousse, disponible ici)