Le sport : un levier d’émancipation des femmes et des filles

Alors que l’Euro de football et le Tour de France féminins battent leur plein, l’occasion est venue de mettre en lumière la pratique sportive féminine. Malgré des stéréotypes de genre qui perdurent, les avancées sont présentes : en effet,  le sport représente un véritable levier d’émancipation pour les femmes et les filles.

Deux fois par semaine, ces jeunes sportives brésiliennes participent à des ateliers sur le leadership et les droits des filles grâce au programme « Une victoire en entraîne une autre » d’ONU Femmes et du Comité International Olympique

Des stéréotypes de genre persistants dans le domaine du sport

Le constat est assez clair, des stéréotypes de genre perdurent dans le monde du sport puisque certaines disciplines sont encore considérées comme masculines ou féminines. Sur le plan économique, des écarts de rémunération sont également observés. À titre d’exemple, le “gender pay gap”, c’est-à-dire la différence de salaire perçu entre les femmes et les hommes, est abyssale dans le domaine du  foot. En effet, le footballeur le mieux payé en France (Neymar da Silva Santos Junior) gagne 110 fois plus que la footballeuse professionnelle la mieux rémunérée (Kadidiatou Diani) (1). Les filles et les femmes restent également en marge des aides et des sponsors. On estime que seul 0,4 % du sponsoring sportif mondial est investi pour les athlètes et équipes féminines (2).

Un manque de parité dans la gouvernance du sport est aussi à déplorer. Sur les 115 fédérations sportives françaises, seules 13 d’entre elles sont présidées par des femmes. En termes d’encadrement sportif, ce sont 20% des postes qui sont occupés par des femmes (3). Concernant les retransmissions audiovisuelles dédiées à la pratique féminine, ces dernières restent largement minoritaires puisqu’elles ne constituent que 18% des retransmissions sportives et attestent que la visibilité de la pratique sportive féminine est moindre. Outre le fait d’être encore largement sous-représentées en milieu sportif, qu’il s’agisse de la gouvernance, de l’encadrement ou du traitement médiatique, les femmes et les filles sont aussi davantage exposées aux risques de violences sexistes et sexuelles.

Des progrès enregistrés en matière d’égalité

Malgré la persistance de ces stéréotypes, des progrès ont été accomplis. Depuis 2019, les championnats de football féminins d’ampleur internationale sont désormais diffusés sur des chaînes à grande audience telles que TF1. C’est notamment le cas de l’Euro qui a été suivi par 240 000 téléspectateur.rice.s lors de sa précédente édition en 2017 et témoigne d’un large essor médiatique.

En cyclisme, la France accueille la première édition du Tour de France féminin à Paris depuis le 24 juillet. Après quatre tentatives vaines par manque de budget et de partenaires, ce rendez-vous est historique. Le public se doit d’être présent à ce tour cycliste féminin afin que les participantes puissent bénéficier de la visibilité qu’elles méritent. Cependant, des inégalités demeurent puisque les montants des gains diffèrent : la gagnante du Tour de France Femmes remportant 250 000 euros, contre 500 000 euros pour le vainqueur du Tour de France Hommes, soit le double de la somme perçue. La distance parcourue est également inférieure au tour cycliste masculin.

Enfin, pour la première fois, le Comité International Olympique a confirmé que les Jeux Olympiques de 2024 à Paris atteindront la parité entre les athlètes féminins et masculins (4). Autrement dit, il y aura autant de sportifs qui concoureront que de sportives parmi les 10 500 participant.e.s. De nouvelles disciplines mixtes sont prévues en ce sens, comme celle de l'athlétisme ou encore une nouvelle catégorie de poids pour les boxeuses. Le sujet de la parité en milieu sportif fait donc l’objet d’une récente attention. Soucieuse de démocratiser le sport au-delà des Jeux, la France a, par ailleurs, adopté en février 2022 un projet de loi visant à instaurer une parité stricte au sein des instances dirigeantes sportives d’ici 2024 (5). 

Marta Vieira Da Silva, Ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes avec l’ancienne Directrice Éxécutive Phumzile Mlambo-Ngcuka.

Investir dans le sport : une nécessité

Développer le sport est essentiel car il constitue un véritable levier d'émancipation. Il contribue également à l’élimination des stéréotypes de genre et a fortiori des inégalités. Le sport encourage aussi le leadership féminin, où des rôles modèles tels que Serena Williams, Megan Rapinoe ou encore Simone Biles peuvent être sources d’inspiration pour les jeunes filles. Le rôle de ces sportives de haut niveau peut dès lors ouvrir le champ des possibles pour les générations à venir. 

Le sport peut enfin représenter une voie de sortie des violences à l’instar du programme de karaté Fight For Dignity qui permet aux femmes victimes de violences conjugales de reprendre confiance en elles. Fondé par la karatéka Laurence Fischer et porté par dix-huit athlètes, ce programme a bénéficié d’une double labellisation Génération Égalité Voices / ONU Femmes France lors du festival d’engagement citoyen de 2021 dont l’objectif est de valoriser des projets ambitieux en matière d’égalité de genre. 


ONU Femmes se mobilise pour le sport au féminin partout dans le monde

Depuis plusieurs années, ONU Femmes développe des programmes visant à encourager la pratique sportive des femmes et des filles. C’est le cas au Brésil, où, à travers l’initiative « Une victoire en entraîne une autre », en partenariat avec le Comité International Olympique, des jeunes filles et mères issues de communautés défavorisées à Rio de Janeiro peuvent à la fois pratiquer une activité physique et bénéficier d’autres apprentissages. L’objectif de ce programme est d’être réinvesti pour les grands événements sportifs à venir. Cette initiative contribue aussi à la création d'un mouvement international des filles dans le sport et est soutenue par la championne de football brésilienne Marta Vieira Da Silva, Ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes. Considérant que le sport offre une occasion de faire ce que l’on souhaite dans le respect des différences de chacun.e, Marta souhaite que son histoire « inspire de nombreuses autres filles et femmes et crée des opportunités afin que la prochaine génération ne rencontre pas les mêmes obstacles. » Une nouvelle phase a par la suite été lancée en Argentine, à Buenos Aires.

Sur le continent africain, le bureau d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale déploie un plan d’action en milieu défavorisé, où les violences et les discriminations envers les femmes sont quotidiennes. L’équipe d’ONU Femmes  met en place des programmes sportifs, entre autres au Sénégal, qui visent à aider les participantes à sortir de la précarité en veillant à leur scolarisation. Cela contribue à  leur offrir de meilleures perspectives de vie et à développer l’estime de soi. (6) Le bureau régional d’Europe et d’Asie centrale d’ONU Femmes a, quant à lui, organisé un tournoi de boxe intitulé « Les hommes forts sont contre la violence » pour la campagne #OrangeTheWorld, 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. 


À l’horizon des Jeux de Paris 2024 où la parité représente l’une des promesses emblématiques de la compétition, (re)découvrez la lettre ouverte de Romane Dicko, judokate double médaillée olympique. Faisons de cette occasion une opportunité pour œuvrer contre les inégalités de genre et en faveur de la participation égale des femmes et des filles en milieu sportif.

 

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Sources

(1) Les Echos, 2022.

(2) Florence Raes, Directrice régionale adjointe du Bureau  d'ONU Femmes pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale, Webinaire Ecobank, « Stop aux préjugés pour les femmes dans le sport ». Disponible sur : https://fb.watch/e6nBSZWBzg/

(3) Tess Harmand, Fondation Alice Milliat. https://twitter.com/ONUFemmesFR/status/1489642657009659905?s=20&t=eywKynTkOHseDJysvQfMLA 

(4) Roxane Lecacher, « Paris 2024 seront les premiers JO avec une parité femmes-hommes », Sport Stratégies, 9 mars 2021. Disponible sur : https://www.sportstrategies.com/paris-2024-seront-les-premiers-jo-de-la-parite-femmes-hommes/ 

(5) Ludivine Ducellier, « La loi sport définitivement adoptée instaure la parité dès 2024 », Les Sportives,  27 février 2022. Disponible sur : https://www.lessportives.fr/dans-lactu/la-loi-sport-definitivement-adoptee-instaure-la-parite-des-2024/ 

(6) Webinaire Ecobank, « Stop aux préjugés pour les femmes dans le sport ». Disponible sur : https://fb.watch/e6nBSZWBzg/