Festival Génération Égalité Voices 2021 : que sont devenus nos projets lauréats ?

Alors que se prépare la troisième édition du Festival Génération Égalité Voices, ONU Femmes France dévoile le parcours des projets lauréats 2021. Dans quelle mesure la double labellisation a-t-elle été utile aux associations ? Comment leurs initiatives dotées de 5 000€ ont-elles accéléré les progrès pour les droits des femmes ? Interview.

De gauche à droite : Lisa Gauvindrillaud (Stop Fisha), Marie-Claire Kakpotia Moraldo (Les Orchidées Rouges) et Shayda Acosta (FARO Cabinet de Conseil Migrants et Réfugiés). © Camille de Buhren

Prix Résilience : Sexualité… tout un art ! des Orchidées Rouges

Marie-Claire Kakpotia Moraldo est victime de mutilation sexuelle féminine* à l’âge de 9 ans. Elle fonde en 2017 l’association Les Orchidées Rouges qui œuvre en France et en Côte d’Ivoire pour l’éradication des mutilations sexuelles féminines et du mariage précoce et forcé. Depuis le Festival Génération Égalité Voices 2021, Les Orchidées Rouges ont pu concrétiser leur projet, saisir de nouvelles opportunités et faire changer d’échelle leurs activités.

Marie-Claire Kakpotia Moraldo : « À travers l’exposition Sexualité… tout un art ! - notre initiative primée - nous cherchons à mettre en lumière les droits et la santé sexuels, le respect de l'intégrité du corps, la libre appropriation de la sexualité via des groupes de parole suivis d'un travail d'élaboration par la médiation artistique. Grâce à la dotation de 5 000€, nous avons financé le matériel nécessaire aux ateliers d’art-thérapie, le vernissage, les expositions grand public ainsi que les honoraires de la sexologue et de l’art thérapeute. Quant à la double labellisation, c’est encore aujourd’hui un véritable passeport ! Gage de crédibilité et de sérieux, elle nous a d’abord ouvert des portes pour démarcher les structures de l'État et de la société civile, prospecter de nouveaux partenaires institutionnels et lever des fonds. Le double label a ensuite contribué à la création du premier institut médico-psychosocial à Abidjan pour accompagner les femmes survivantes de violence basées sur le genre. Enfin, le festival apporte une considérable reconnaissance, un encouragement et un espace de rencontres privilégié ayant mené à de nombreuses coopérations inter-associatives. Nous avions grandement besoin de cette synergie pour renforcer la sororité et faire progresser les droits des femmes. »

Aujourd’hui, les Orchidées Rouges poursuivent leur engagement. L'association a notamment obtenu le statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social de l’ONU, intégré la commission aux droits des femmes de la ville de Bordeaux et le comité de pilotage du futur observatoire régional sur les violences faites aux femmes en Nouvelle-Aquitaine. De plus, elle a rejoint le comité de pilotage de la première étude directe de terrain réalisée en France sur les mutilations sexuelles féminines en partenariat avec le Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.

Prix Accélérateur d’Égalité : CyberCafé de Stop Fisha

En mars 2020, la situation d’urgence sanitaire s’accompagne d’une urgence sociale. Suite aux restrictions d’accès à l’espace physique, le cyberharcèlement explose. Face à cette hausse des violences en ligne, Lisa Gauvindrillaud, 22 ans, étudiante à Bruxelles, décide de réagir et fonde avec onze autres personnes l’association Stop Fisha**. Grâce à 70 bénévoles partout en France, Stop Fisha accompagne et apporte un soutien aux victimes par une aide psychologique et juridique et sensibilise les pouvoirs publics et les plateformes à la lutte contre les cyberviolences sexistes et sexuelles. Le Festival Génération Égalité Voices 2021 a vivement encouragé l’association dans son travail de sensibilisation.

Lisa Gauvindrillaud : « C’est tout l’intérêt du projet CyberCafé StopFisha - notre initiative primée - dont l’objectif est d’organiser des talks sous formes d’épisodes en ligne pour mettre en lumière des thématiques encore trop méconnues telles que le cyberracisme, la cybertransphobie ou encore le cyber-travail du sexe. La dotation de 5 000€ va nous permettre de créer cet outil décisif de sensibilisation numérique, de louer le matériel requis, de procéder au tournage des vidéos et de diffuser nos connaissances et nos compétences au plus grand nombre, tant dans les écoles et les associations qu’auprès du gouvernement. Dans cette perspective, la double labellisation est une opportunité incroyable pour renforcer notre légitimité, notre position institutionnelle et la pression exercée sur les pouvoirs publics. Nous sommes désormais en capacité d’imposer nos voix et de permettre aux victimes de se faire entendre. Pendant le festival, nous avons aussi rencontré d’autres acteurs et actrices de la lutte, ce qui nous a permis d’accroître ensemble la visibilité et la médiatisation de ce sujet. »

En octobre 2021, le collectif a publié l’ouvrage Combattre le cybersexisme, un guide sur comment se protéger et se défendre. Aujourd’hui, grâce à cette expertise, Lisa et ses collègues s’apprêtent à rencontrer des eurodéputés pour penser les enjeux numériques de la directive proposée par la Commission européenne en mars dernier sur la lutte contre les violence à l’encontre des femmes et la violence domestique (1).

Prix Grand Public : FARO Cabinet de Conseil Migrants et Réfugiés

Diana Cristancho arrive en France au départ de la Colombie à l’âge de 25 ans. Quatre ans plus tard, elle fonde FARO, un cabinet de conseil spécialisé dans le domaine de l'intégration des migrant·e·s et réfugié·e·s en France. Par la nomination de l’association FARO, le Festival Génération Égalité Voices reconnaît les formes multiples et croisées de discrimination que subissent les femmes en situation de migration.

Diana Cristancho : « En 2021, l’atelier Migrant Women In Business - notre initiative primée - proposé dans le cadre du festival visait à donner aux femmes migrantes une vision globale de la création d’entreprise, en tenant compte de leurs besoins et spécificités. Au-delà d’un programme théorique, l’idée principale était d’encourager l’indépendance financière des femmes ainsi que leur libre et égale participation au milieu économique. À la fin de l’atelier, un diplôme symbolique a été délivré aux participantes car l’autonomisation économique des femmes est un moteur essentiel pour une croissance durable. »

Grâce à la notoriété acquise pendant le festival et à travers le vote du Grand Public, Diane Cristancho continue de sensibiliser sur la situation des femmes migrantes et réfugiées dans plusieurs institutions. En avril dernier, elle participait par exemple au Forum de la jeunesse du Conseil économique et social, une plateforme décisive permettant aux jeunes de participer aux débats sur la politique à mener par l’Organisation des Nations unies en proposant collectivement des idées, des solutions et des innovations.

 

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