Génération Égalité a rendez-vous avec l’Histoire
Obscurantismes grandissants, recul des droits des femmes, menaces dues au COVID, omniprésence des fake news : ce vingtième et unième siècle porte en lui des “monstres” dans un clair-obscur cité par Gramsci (1) avant un nouveau monde dans lequel, nous œuvrons pour que les droits des femmes soient enfin respectés. Pour y parvenir, l’implication de toutes les générations, mais surtout des plus jeunes, filles et garçons, est autant enthousiasmante qu’indispensable.
La genèse de la “Génération Égalité"
Lorsqu’ONU Femmes a décidé d’impulser le Forum Génération Égalité il y a quelques années, le terme s’est imposé assez rapidement. Les mouvements féministes ont obtenu au vingtième siècle des avancées économiques et sociales majeures, initiées par les générations précédentes. C’est ainsi que l’Histoire de l’égalité est un fil fervent qui se tisse à travers le temps. Gratitude et admiration pour ces femmes et ces hommes qui, dans la lumière ou l’ombre, ont consacré des mois, des années, parfois leur vie, à l’atteinte de l’égalité réelle. Quelques incroyables figures de cette quête, il y en a d’autres : Gisèle Halimi, Simone Veil, Clara Zetkin, Françoise Héritier, Ruth Bader Ginsburg, Malala Yousafzai, Tarana Burke, Chimamanda Ngozi Adichie. Elles nous transmettent un legs et une dynamique en cours : poursuivre ce travail. Il est important que ce passage de relais se fasse vers les plus jeunes d’entre nous, celles et ceux qui demain seront les leaders du monde, celles et ceux qui auront à relever des défis d’une ampleur inégalée comme le changement climatique. Il est crucial que ces jeunes se sentent concerné.e.s par l’inégalité qui persiste. Mais passage de relais ne veut pas dire copie : la Génération Egalité, c’est celle qui librement s’inspire du meilleur du passé et imprime son style singulier pour les combats à venir.
L’enjeu de la modernité
La question du style est essentielle parce que, trop souvent, le féminisme est relégué à un combat d’arrière-garde corporatiste, des femmes contre les hommes. Or, c’est l’inverse : le féminisme dans sa recherche universelle d’égalité et sa contribution aux Objectifs de développement durable des Nations Unies (2) est un levier puissant de l'amélioration des sociétés dans leur ensemble. Il a été prouvé que les sociétés plus favorables aux droits des femmes étaient également plus progressistes en matière de droits pour l’ensemble de la population. Donc oui, le féminisme est un humanisme avant tout ! Il est même d’une modernité urgente quand on sait que le COVID va faire basculer 47 millions de filles et de femmes supplémentaires en dessous du seuil de pauvreté (3 et a fait perdre 36 ans à l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde, selon une étude du Forum économique de Davos. 36 ans, un peu plus qu’une génération (4). Vous êtes jeunes et vous rêvez de changer le monde ? Soyez féministe ! C’est une cause juste car le compte n’y est pas pour la moitié de l’humanité. Et c’est une cause d’avenir parce rien n’arrêtera jamais la soif de l’égalité quand bien même elle n’est pas toujours atteinte. Les droits humains ne font pas de distinction entre les femmes et les hommes. Pourquoi accepter que des pratiques arbitraires et rétrogrades décident ainsi de notre sort ?
Le Forum Génération Égalité en ligne de mire
Du 30 juin au 2 juillet 2021, Paris et le gouvernement français accueilleront, après Mexico le 31 mars dernier, le Forum Génération Égalité. À Mexico, sur près de 10 000 participant.e.s, la moitié avait moins de 30 ans. D’importantes annonces ont été faites (5), notamment : des actions vers les 500 millions de filles et de femmes afin qu’elles soient protégées contre les violences sous toutes leurs formes ; agir pour l’éducation ; agir pour un accès massif à l’internet et au téléphone portable ; doubler le nombre de femmes et de filles travaillant dans le domaine des technologies et de l'innovation ; investir dans des solutions de production et de lutte contre le changement climatique tenant compte de la dimension de genre ; oeuvrer pour des sociétés qui prennent en compte le besoin des activités de soins, en créant 80 millions de nouveaux emplois ; se battre pour l’égalité salariale. À Paris, le lancement des six coalitions (6) d’actions rassemblant des États, des entreprises et des organisations de la société civile sera inédit : ces partenariats d’accélération multipartites doivent permettre d’avoir plus d’impact plus vite sur des sujets concrets avec des objectifs et de la mesure. Pour que ces actions soient véritablement transformatrices, nous avons besoin de toutes les générations. Qui d’autre que la jeune génération à égalité avec ses aîné.e.s, en solidarité avec les autres forces sociales, peut dessiner le monde de demain ? Qui d’autre a plus de légitimité, plus d’élan pour refuser le statu quo ? Qui d’autre peut inclure et ne laisser personne derrière ? Le Forum Génération Égalité est un moment charnière car 25 ans après le programme d’action de Pékin (7), la situation des droits des femmes est précaire et fragile. Aucun pays n’a atteint l’égalité réelle. Mais les voix se lèvent et l'acceptabilité sociale face aux injustices de genre est battue en brèche par la conscience plus aiguë qu’ensemble, nous pouvons changer la donne ainsi qu’un fort désir de renouveau. Ce désir combiné à une stratégie et des actions de terrain est notre chance et constitue un rendez-vous avec l’Histoire. Ils ne sont pas si nombreux qu’on croit. C’est possible. C’est maintenant.
Céline Mas
(1) En référence à la citation célèbre : “Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.”
(2) https://www.onufemmes.fr/agenda-2030
(6) https://www.onufemmes.fr/en-savoir-plus-sur-le-forum-generation-egalite
(7) https://www.onufemmes.fr/nos-actualites/2020/3/8/quels-progres-ont-ete-accomplis-25-ans-apres-la-conference-mondiale-de-lonu-sur-les-femmes-a-pekin