Ukraine : Les femmes fuient en gardant l’espoir de la paix

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Moldavie et la Pologne ont accueilli le plus grand nombre de familles réfugiées. ONU Femmes a travaillé avec des partenaires pour rassembler, analyser et diffuser des données afin d'illustrer les impacts disproportionnés de la guerre sur les femmes et les filles. Afin de recueillir des données concrètes, ONU Femmes a rencontré des femmes réfugiées qui logent dans des centres de placement temporaire. Voici leur histoire.

Anna

Continuer à travailler malgré la situation

Anna, 23 ans, originaire de Mariupol, a quitté sa ville natale le premier jour de la guerre, seule. Depuis trois semaines, la jeune femme vit dans un centre de placement temporaire à 40 km au nord de Kiev, à Vatici, Orhei. "J'essaie de faire du sport tous les jours. Je fais du jogging. Cela m'aide à me distraire des mauvaises pensées", dit-elle.

En Ukraine, Anna travaillait comme professeur d'anglais. Aujourd'hui, pour ne pas perdre sa seule source de revenus pendant son séjour en Moldavie, elle donne des cours en ligne. "Pour être honnête, je ne sais même pas si mes collègues et mes élèves sont vivants ou non. Il n'y a aucune connexion avec la ville. Je ne peux qu'espérer", ajoute-t-elle.

Anna admet qu'en Moldavie, elle a tout ce dont elle a besoin : un toit au-dessus de sa tête, de la nourriture, l'accès aux soins médicaux et à Internet. La seule chose qui lui manque, ce sont ses parents et amis restés en Ukraine.

Marina

Marina, originaire d'Odessa, vit dans le même centre. Spécialiste des manucures, elle continue d’exercer dans le centre. "La manucure est maintenant une sorte de thérapie. Je parle toujours aux femmes et aux filles avec lesquelles je travaille ; parfois, je leur donne des conseils. Aujourd'hui, en cette période difficile, la communication nous aide beaucoup", partage-t-elle.

Lorsque la guerre a commencé, Marina hésitait à partir, elle espérait que tout s'arrangerait. Mais psychologiquement, les choses sont devenues difficiles. Elle a quitté Odessa seule en toute hâte, et après plusieurs jours au centre en Moldavie, son travail a commencé à lui manquer. Elle a montré aux autres femmes son portfolio de nail art et a commencé à s’occuper des ongles des femmes. En même temps, Marina s'inquiète pour ses parents restés à Odessa, en particulier pour son père qui est gravement malade. "Nous sommes bien ici, mais la maison, c'est mieux", dit Marina.

Ce sentiment est partagé par les autres femmes hébergées au centre de Vatici, qui représentent 90 % des 70 personnes accueuillies. Aucune n'a l'intention de rester longtemps en Moldavie, toutes espèrent la paix pour pouvoir rentrer chez elles. 


Une réponse adaptée aux besoins des femmes et des filles

Dans le district de Straseni, au centre de la Moldavie, ONU Femmes a visité un autre centre de placement temporaire pour les réfugiés, qui était auparavant un centre de loisirs pour les enfants et les jeunes. Il accueille maintenant près de 60 personnes, dont la plupart sont des femmes et des enfants.

Avant la guerre, Snejana, 41 ans, menait une vie heureuse et paisible au bord de la mer. Elle était coloriste capillaire à Odessa. "À cause des bombardements, mes enfants ne pouvaient pas dormir et nous étions tous épuisés", raconte-t-elle. "J'ai compris qu'il n'y avait pas d'autre option pour notre sécurité que de fuir l'Ukraine".

Jusqu'à ce qu'ils atteignent la frontière, Snejana a conduit avec les fenêtres ouvertes pour s'assurer qu'il était visible qu'il y avait des enfants dans le véhicule. "Je ne pouvais respirer facilement qu'une fois que nous sommes arrivés de l'autre côté de la frontière. Je n'avais nulle part où aller, mais grâce à la gentillesse du peuple moldave, mes enfants et moi avons tout ce dont nous avons besoin maintenant", dit-elle.

ONU Femmes et l'Organisation internationale pour les migrations ont mené une enquête sur les déplacements et interrogé environ 3 000 personnes réfugiées aux frontières, ou dans des centres d'accueil. Selon l'enquête, les femmes constituent la majorité des personnes fuyant l'Ukraine. L'âge moyen des femmes est de 40 ans. Elles assument une immense responsabilité liée à leurs enfants, aggravée par la séparation des familles. 

Pour répondre à leurs besoins, ONU Femmes met en place une aide humanitaire spécifique prenant en compte le genre. "Il est essentiel d'intégrer des dimensions liées à l'âge et à la diversité dans les efforts de réponse afin de garantir que les femmes, les filles, les garçons et les hommes aient un accès équitable aux secours, aux services et aux informations", explique notamment Dominika Stojanoska, représentante d'ONU Femmes en Moldavie.

Initialement publié sur le site de UN Women Europe et Asie Centrale

 

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