Pourquoi l’autonomisation économique des femmes profite à l’ensemble des sociétés ?

La contribution des femmes à l’économie est incontestable. Pourtant, elles restent touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, la discrimination et l'exploitation.
ONU Femmes France agit en faveur de leur autonomisation économique par des programmes de terrain d'envergure internationale.

Au Guatemala, les femmes rurales diversifient leurs revenus et renforcent leur résilience. © UN Women / Ryan Brown

Notre système économique mondial laisse tomber les femmes

La structure économique actuelle pousse davantage de femmes dans la précarité. En 2023, 1 femme sur 10 vit dans l’extrême pauvreté, et les projections indiquent que 342,4 millions de femmes et de filles ne seront pas sorties de cette situation d’ici 2030, si les tendances actuelles ne sont pas rectifiées (1).

Un facteur clé de ces inégalités économiques est l’écart salarial. En moyenne, les femmes actives gagnent 20 % de moins que leurs homologues masculins (2). Elles ont un accès et un contrôle limité des ressources productives, comme la terre, la propriété et l’héritage, et rencontrent des obstacles significatifs pour entreprendre.
Dans le monde, la plupart d’entre elles travaillent dans l’économie informelle et sont cantonnées aux emplois précaires et dévalorisés, évoluant ainsi dans un contexte d'insécurité (3).

Au rythme actuel, il faudra près de 300 ans pour atteindre l’égalité de genre (4). Il est donc urgent et impératif d’investir en faveur des droits des femmes et des filles. Actuellement, l’investissement financier en faveur des femmes reste extrêmement faible. Par exemple, les programmes consacrés à l’égalité de genre ne représentent que 4 % de l’Aide Publique au Développement (5).

Pourquoi les femmes sont-elles indispensables à la vie économique ?

ONU Femmes affirme avec conviction qu’investir en faveur des femmes entraîne des avantages non seulement pour elles, mais aussi pour la société dans son ensemble. C’est pourquoi il est nécessaire de favoriser leur autonomisation économique, à travers, entre autres, la protection de leur droit à l’éducation et au travail. Il est essentiel de leur garantir les moyens de subsistance nécessaires pour répondre aux besoins essentiels.

L’autonomisation économique sous-tend et détermine l’exercice des autres droits tels que se nourrir, se loger, se soigner, se vêtir et vivre à l’abri des violences. Il est essentiel que l’emploi des femmes soit productif et s'effectue dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité.

La réalisation des droits des femmes n’est pas seulement un impératif moral, mais aussi un investissement économique intelligent. Leur pleine participation à l’économie s’accompagne de création d’emplois, d’innovation, de productivité et d’une croissance durable. La réduction des écarts d’emploi entre les femmes et les hommes pourrait augmenter le PIB par habitant de 20 % dans toutes les régions du monde (6). A l’inverse, on estime que les inégalités de genre coûtent à l’économie environ 15 % du PIB dans les pays de l’OCDE (7).

Les femmes apportent une contribution inestimable, que ce soit dans les exploitations agricoles, dans les entreprises, comme entrepreneures, employées, ou par leur travail non rémunéré à la maison. Ce rôle est essentiel au fonctionnement de l’économie, mais il est souvent ignoré et dévalorisé. Les soins et les travaux domestiques non rémunérés représentent respectivement 10 % et 39 % du PIB (8).

Il apparaît alors qu’investir dans les services de soins, telles que l’ouverture de garderies et l’aide aux personnes âgées, est doublement gagnant. Non seulement cela réduit ce travail non rémunéré, effectué en grande partie par les femmes, mais cela crée également des opportunités de travail décent avec le potentiel de créer près de 300 millions d’emplois d’ici 2035 (9).

Les agricultrices représentent également une large part de la main-d'œuvre - plus de 70 % dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest et centrale (10). Ces dernières participent grandement à faire reculer la faim et l’insécurité alimentaire dans les communautés. De plus, lorsque les femmes travaillent, elles réinvestissent 90 % de leurs revenus pour leur famille, contre 35 % pour les hommes, favorisant ainsi le progrès économique et l’accès aux services de santé et d’éducation (11).

Les entreprises bénéficient aussi du travail des femmes et du développement économique généré. La diversité est bénéfique à de nombreux égards pour les entreprises qui adoptent des politiques d’égalité des chances et encouragent une culture inclusive.
Elles ont 60 % de chances supplémentaires de voir leurs profits et leur productivité augmenter, et sont près de 60 % plus susceptibles de connaître une meilleure réputation de leur entreprise, plus de facilités à attirer et à conserver les talents, et un surcroît de créativité et d’innovation (12).

ONU Femmes vise à garantir à toutes les femmes la sécurité du revenu, un travail décent, ainsi qu’un pouvoir et une autonomie économiques

ONU Femmes et ses partenaires mènent de nombreux programmes pour contribuer à l’autonomisation économique des femmes. Ces initiatives visent à atteindre les femmes les plus vulnérables , en particulier celles vivant dans la pauvreté, en milieu rural, en situation de handicap et issues de groupes racialisés et migrants. Plus concrètement, nos actions visent à renforcer leur accès à un travail décent, à garantir une sécurité financière, à promouvoir l’égalité de changes, à soutenir la création et l'essor de leurs entreprises, à faciliter l'accès aux financements, ainsi qu'à améliorer leurs compétences.

ONU Femmes travaille aussi avec les États pour adopter des politiques inclusives qui intègrent la perspective de genre. Nous plaidons pour un investissement dans la protection sociale et dans les soins. Nous exhortons les gouvernements à renforcer les services sociaux accessibles, à valoriser les travaux du soin et à mettre fin à l’écart salarial. L’objectif est triple : alléger le travail non rémunéré qui pèse sur les femmes, créer des emplois dans le secteur des soins et améliorer l’accès aux services pour les personnes les plus vulnérables. ONU Femmes France encourage également le secteur privé à participer aux efforts. Les entreprises jouent un rôle clé pour garantir aux femmes un emploi décent, respecter le principe d’égalité salariale et d’égalité des chances, et les protéger contre les discriminations et les violences sur leur lieu de travail.

Pour accélérer leur autonomisation économique, les femmes ont besoin de ressources, d’emplois, de sécurité et du respect de leurs droits. Investir en ce sens ouvre une voie directe vers l’égalité de genre, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive. Il est temps d'accélérer les progrès : investissons en faveur des femmes !

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SOURCES : 

(1) ONU Femmes, Les progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) : la situation sur le genre en 2023 (Progress on the Sustainable Development Goals: The gender snapshot 2023), p.13, 7 septembre 2023. Accessible ici.

(2) Organisation Internationale du Travail, Législation sur la transparence des salaires : implications pour les organisations d'employeurs et de travailleurs (Pay transparency legislation: Implications for employers' and workers' organizations), p.6, 21 juin 2022. Accessible ici.

(3) Banque Mondiale, Participation des femmes au marché du travail, 10 janvier 2023. Accessible ici.

(4) ONU Femmes, Les progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) : la situation sur le genre en 2022, 7 septembre 2022. Accessible ici.

(5) OCDE, L’aide est centrée sur l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes : un aperçu du financement actuel et des tendances au fil du temps pour soutenir la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin (Aid Focussed on Gender Equality and Women’s Empowerment: A snapshot of current funding and trends over time in support of the implementation of the Beijing Declaration and Platform for Action), p.2, 2020. Accessible ici.

(6) World Bank Blogs, De combien le PIB par habitant augmenterait-il si les écarts d'emploi entre les hommes et les femmes étaient comblés dans les pays en développement ?, 4 mars 2022. Accessible ici

(7) David Cuberes, Marc Teignier, Effets globaux des écarts entre les sexes sur le marché du travail : une estimation quantitative (Aggregate Effects of Gender Gaps in the Labor Market: A Quantitative Estimate), Journal of Human Capital, Volume 10, n°1, 2016. Accessible ici.

(8) UNRISD, Pourquoi les soins sont importants pour le développement social : Note de recherche et de politique (Why Care Matters for Social Development: Research and Policy Brief), 15 février 2010. Accessible ici.

(9) Organisation Internationale du Travail, Soins au travail : Investir dans les congés et les services pour soins pour un monde du travail plus égalitaire entre les genres (Care at work Investing in care leave and services for a more gender equal world of work), 2022. Accessible ici.

(10) ONU Femmes, Autonomisation des femmes grâce à une agriculture résiliente au changement climatique en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale : Résultats clés du programme phare d’ONU Femmes (Women in climate resilient agriculture in West and Central Africa: Key results of UN Women’s flagship programme), p.6, mars 2021. Accessible ici.

(11) The Clinton Global Initiative, Autonomiser les filles et les femmes (Empowering Girls & Women), p.1, 2009. Accessible ici.

(12)  Organisation Internationale du Travail, Femmes d’affaires et femmes cadres: Les arguments en faveur du changement, p.21, 22 mai 2019. Accessible ici.