Sarah Abitbol est une championne de patinage artistique au parcours prodigieux. Dix fois de suite championne de France, elle est une véritable référence dans son domaine. En 2003, elle décide d’arrêter la compétition et patine plusieurs années dans la troupe d’Holiday on Ice avant de créer sa propre troupe de spectacle, Rêves sur glace. Elle se dédie également au métier d’entraîneure pour transmettre sa passion et à celui de conférencière. En parallèle, Sarah s’engage quotidiennement dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. En 2020, elle brise le tabou des violences qu’elle a subies et devient pionnière de la libération de la parole des survivant.e.s dans le milieu sportif avec son livre “Un si long silence”. Aujourd’hui, Sarah Abitbol se confie à ONU Femmes France et nous livre son amour du patinage artistique, la relation fusionnelle qu’elle partage avec son sport, ses engagements personnels ainsi que les obstacles et les sacrifices associés à une telle carrière.

Sarah Abitbol, championne de patinage artistique

Quelle a été votre étincelle ? Comment a débuté votre pratique sportive ?

À l’école primaire, on nous a demandé de choisir entre natation et patinage. Ne souhaitant pas me mouiller, j’ai préféré le froid et ai choisi la patinoire.
Dès le début, c’est cette sensation de liberté, en glissant seule jusqu’au milieu de la glace, qui m’a enivré. En glissant, j’avais comme l’impression de m’envoler : je suis tombée amoureuse de ces sensations, et le suis toujours.

Dès le début, c’est cette sensation de liberté, en glissant seule jusqu’au milieu de la glace, qui m’a enivré.

Quel·le athlète est votre rôle modèle, votre source d’inspiration ? Pourquoi ?

Katarina Witt, sans hésiter. Dans les années 80, elle était LA patineuse de référence, avec un charisme fou, une grâce sans égal. Impossible d’en détacher le regard lorsqu’elle patinait. C’était elle mon modèle.
Aujourd’hui, je suis fan de Simone Biles, autant de la personne que de la sportive, son parcours, son palmarès, etc. Un modèle de combativité inspirant pour notre jeunesse. Je l’admire !

Qu'est-ce que le sport apporte à votre vie, tant sur le plan personnel que professionnel ?

Au quotidien, le sport m’apporte un équilibre physique et mental, m’aidant à apprivoiser mes émotions, à m’exprimer, à créer aussi. C’est plus qu’une passion pour moi, c’est mon moteur, une raison de vivre, c’est une étincelle transcendantale ! J’en ai d’ailleurs fait mon métier : à travers mes casquettes de coach, de conférencière ou de chorégraphe, je tente de partager mon expérience, mon savoir de sportive, d’humaine, d’artiste aussi.

C’est également défendre ma vision du sport, celle que je souhaite transmettre, celle d’un sport beau et sain, synonyme de bienfaits, qu’il ne soit plus entaché par les violences que moi et tant d’autres avons pu subir. Pour la beauté du sport, car c’est sacré !

C’est également défendre ma vision du sport, celle que je souhaite transmettre, celle d’un sport beau et sain, synonyme de bienfaits, qu’il ne soit plus entaché par les violences que moi et tant d’autres avons pu subir.

À quel(s) obstacle(s) faites-vous face dans votre carrière ?

Déjà, il a fallu déménager de Nantes à Paris rapidement, ce qui a eu des répercussions sur la vie de mes parents, notre cellule familiale, puisque seule l’Ile-de-France possédait les infrastructures nécessaires pour faire du patinage de haut-niveau.

De nombreux sacrifices personnels aussi : une vie sociale réduite, en vase clos, une enfance écourtée par la nécessité de devoir penser et agir comme un “grand” très jeune pour obtenir des résultats, des possibilités scolaires restreintes également.

Les changements de coach, aussi, dont un en particulier, qui était pour moi le coach idéal. Ça m’a énormément déstabilisé. Nous, athlètes, n’avions pas notre mot à dire. Pourtant, le lien que l’on crée avec notre entraîneur, la confiance, la bienveillance, etc sont tout aussi importants que les heures d’entraînement !

Puis les blessures, qui nous forcent à repousser les limites de notre corps : je me souviens surtout de la rupture de mon tendon d’Achille, lors des JO de 2002 à Salt Lake City. J’ai tout fait pour être guérie et récupérée en un temps record : moins de 11 mois plus tard, j’étais de nouveau championne de France.

Comment les avez-vous surmonté ?

Sincèrement, par la rage de vaincre et un mental d’acier. C’est à double tranchant mais ce sont de puissants carburants ! J’ai mis toute ma volonté, je me suis acharnée dans le travail pour y parvenir. Et ce qui m’a aidé, devant les obstacles, petits et grands, c’est de vouloir réaliser mon rêve de petite fille : être la meilleure, aller plus loin, dépasser les limites de ma discipline.

Avez-vous un motto, une phrase de motivation qui vous est propre ?

Avancer et se battre, c’est ma flamme de l’espoir.
Relève-toi, Sarah.

Quel message souhaiteriez-vous adresser à toutes les femmes dans le milieu sportif ?

Si tu donnes le meilleur de toi-même, tu seras toujours la meilleure.
N’oubliez jamais vos rêves et accrochez-vous : ils valent la peine de se battre pour eux !

Le sport est selon moi, une excellente école de la vie, un domaine sacré qui doit être défendu, protégé.

Pourquoi vous êtes-vous engagée avec cette campagne ?

Le sport est selon moi, une excellente école de la vie, un domaine sacré qui doit être défendu, protégé.
Depuis la libération de ma parole en 2020 sur les violences que j’ai subies dans le milieu sportif, j’ai servi d’exemple pour de nombreux athlètes concernés.

Par mon engagement avec ONU Femmes France aujourd’hui, je veux leur dire “n’ayez pas honte ! vous n’êtes pas coupable ! n’ayez plus peur de parler !”. Dire “je l’ai fait et je vais mieux : vous aussi, vous pouvez le faire”.
C’est d’ailleurs dans ce but que j’ai créé en 2022 l’association de lutte contre les violences dans le Sport, La Voix de Sarah, dirigée aujourd’hui par Katia PALLA.
J’aimerais que mon histoire soit un repère, comme un phare dans la nuit des athlètes, la preuve que même si on chute, on peut se relever et s’élever à nouveau.

ONU Femmes France s’engage à faire étinceler le #SportFéminin avec #SheShines. Soutenez l’association pour contribuer à construire un sport plus inclusif et égalitaire !