Déclaration sur Gaza de la Directrice Exécutive d'ONU Femmes, Sima Bahous

Cela fait maintenant plus de 100 jours depuis les horreurs des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre et les drames qui ont suivi, en particulier à Gaza. Depuis, nous avons constaté une fois de plus que les femmes et les enfants sont les premières victimes des conflits et que notre devoir de rechercher la paix est un devoir envers eux et elles. Sans changement, ces 100 derniers jours ne seront qu’un prélude aux 100 prochains.

Légende : Salma, 29 ans, porte son bébé alors qu'elle marche dans la rue Rashid, à l'ouest de Ville de Gaza, le 11 janvier 2024.

Crédit : UNICEF / Omar Al-Qattaa

Nous avons entendu des récits choquants de violences sexuelles inadmissibles lors des attaques du 7 octobre qui ont conduit à des appels, comme celui d’ONU Femmes, à la responsabilisation, à la justice, et au soutien de toutes les personnes affectées. Nous condamnons sans équivoque tous les actes de violences sexuelles et basées sur le genre, peu importe où, quand, et contre qui ils sont perpétrés. J’appelle une nouvelle fois à ce que toutes les personnes affectées par ces attaques puissent demander des comptes.

Ces 100 jours ont également été marqués par une destruction sans précédent frappant la population de Gaza. Pour elle, il n’y a pas de lieu sûr, pas de repos ni de répit. Les femmes et les filles constituent la majorité des personnes tuées, blessées et déplacées. Notre Alerte Genre estime qu'environ un million de femmes et de filles sont déplacées à Gaza, deux mères sont tuées toutes les heures, tandis qu'environ 10 000 enfants ont perdu leur père. On assiste à un cruel renversement de la situation d’avant le 7 octobre : au cours des 15 dernières années, 67 % de toutes les personnes civiles tuées dans le territoire palestinien occupé étaient des hommes. Moins de 14 % étaient des femmes et des filles. Ce pourcentage s’est inversé. Aujourd'hui, 70 % des personnes tuées sont des femmes et des enfants. Ce sont des personnes, pas des chiffres, et nous ne réussissons pas à endiguer cette situation. Cet échec, ainsi que le traumatisme générationnel infligé au peuple palestinien au cours de ces 100 jours et plus, nous hanteront toutes et tous pour les générations à venir.

Même si nous pleurons aujourd’hui la situation des femmes et des filles de Gaza, nous le pleurerons davantage demain sans une aide humanitaire illimitée et sans la fin des destructions et des meurtres. Ces femmes et filles sont privées de sécurité, de médicaments, de soins de santé et d’un abri. Elles sont confrontées à une faim et à une famine imminentes. Surtout, elles sont privées d’espoir et de justice. J’appelle à nouveau un cessez-le-feu humanitaire immédiat et un accès humanitaire sans entrave pour toutes les personnes se trouvant à Gaza, y compris la fourniture d’une assistance et de services vitaux à toutes les femmes et filles.

Cela fait également plus de 100 jours que les familles des personnes retenues en otages à Gaza, dont certaines que j'ai rencontrées, attendent dans une douleur inimaginable le retour de leurs proches. Leur courage face à la souffrance et leur engagement en faveur de la paix sont une leçon d’humilité. J’appelle à nouveau la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes otages.

Il est temps de retrouver la paix. Nous le devons à toutes les femmes et filles israéliennes et palestiniennes. Ce n'est pas leur conflit. Elles ne doivent plus en payer le prix.

 

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