Au Kosovo, le programme NRAEWOK, soutenu par ONU Femmes, permet de sensibiliser les communautés aux dangers et conséquences du mariage précoce. Qerim, 25 ans, est pleinement investi dans la prévention communautaire. Son engagement féministe en faveur de l’égalité accélère la sensibilisation dont les résultats sont déjà importants.

Les hommes bénévoles sont formés pour prévenir les mariages précoces dans leurs communautés.

Qerim, bénévole engagé qui sensibilise aux conséquences du mariage précoce

Qerim Emini, 25 ans, est membre de la communauté ashkali de Lipljan, au Kosovo. Durant son adolescence, le jeune homme a entendu de nombreuses histoires de filles se mariant dans sa ville. « En grandissant, j’ai remarqué que de moins en moins de filles étaient présentes en classe. »

Afin de lutter contre ces mariages précoces, Qerim est devenu bénévole et a effectué du porte-à-porte pour faire de la prévention au sujet des mariages précoces au Kosovo. « J’ai grandi dans ce quartier alors je savais que je pouvais être utile à la cause. Je suis plus en mesure de trouver un terrain d’entente avec les communautés qui vivent ici, car j’en fais moi-même partie. »

Grâce à la campagne menée par le Réseau des organisations de femmes roms soutenu par l’Union européenne et ONU Femmes, les communautés kosovares sont sensibilisées aux effets néfastes du mariage précoce.

Qerim fait partie intégrante de ce programme, il initie des espaces de discussions avec l’ensemble des membres de la communauté. De maison en maison, il échange avec les familles et souligne à quel point l’avenir des filles est important.

« Je me rends généralement dans différentes parties du Kosovo, dans des villes où les communautés minoritaires sont plus répandues. Je sensibilise les personnes chez elles, dans les rues ou dans les cafés. Je commence les conversations avec des choses auxquelles les personnes peuvent s’identifier puis, lorsqu’ils se sentent plus à l’aise, j’évoque le mariage précoce, ses conséquences, et plus largement les inégalités de genre. Parfois, c’est difficile à comprendre pour les communautés car il s’agit d’une pratique traditionnelle intégrée depuis longtemps. »

Qerim Emini est bénévole pour une campagne de porte-à-porte visant à prévenir les mariages précoces dans les communautés minoritaires du Kosovo.

Des mariages précoces qui accentuent les inégalités de genre

Pour Fatmir Zymberi, membre de la communauté égyptienne qui a également participé à la campagne NRAEWOK, le projet a été très utile : « La formation a fait de moi un féministe fort et engagé. Je suis maintenant en mesure d’identifier les formes de discrimination basées sur le genre et j’ai une meilleure perception de la façon de les prévenir. »

Le mariage précoce est une pratique traditionnelle de longue date au sein des communautés ashkali, rom et égyptienne du Kosovo. Les filles sont souvent considérées comme une charge financière et de nombreuses familles envisagent donc les marier à un jeune âge. Ces dernières abandonnent l’école et voient leur avenir professionnel sacrifié. Cela ne fait que renforcer leur dépendance à l’égard des hommes de la communauté. De plus, ces mariages précoces peuvent être le commencement d’un

Pour répondre à ces problématiques, ONU Femmes a donc soutenu le programme NRAEWOK, qui permet de sensibiliser les communautés, de diminuer les mariages précoces et de prévenir les potentielles violences.

La responsable du programme, Xhulieta Devolli, confie que l’initiative a été plus acceptée qu’elle ne l’avait initialement prévu. Avec 15 ans d’expérience dans la lutte contre les violences faites aux femmes, en particulier les violences domestiques et sexuelles, elle est optimiste quant au fait que le message passe dans ces communautés, notamment lorsque que des hommes s’en emparent.

« Briser le tabou de longue date sur ce sujet est essentiel pour améliorer encore l’autonomisation des femmes. Savoir que ces communautés reçoivent maintenant de l’éducation et de l’information de tout le monde sur les effets négatifs potentiels des mariages précoces apporte un nouvel espoir pour les générations futures », explique Mme Devolli.

Initialement publié sur le site de UN Women Europe et Asie Centrale