99 % des femmes ont été victimes de sexisme en France : candidates et candidats à l’élection présidentielle, engagez-vous pour l’égalité de genre
Alors qu’est signalé le 27ème féminicide de l’année (1), l'état des lieux du sexisme et des violences faites aux femmes en France est préoccupant. Pourtant, l’égalité de genre est une condition sine qua non pour apporter des réponses efficaces et durables aux défis de notre siècle. Un engagement fort au plus haut niveau de l’État se révèle être un impératif. Dans cette perspective, ONU Femmes France appelle les candidat·e·s à l’élection à s’engager sur dix mesures phares pour une présidentielle féministe, en priorité sur celles plébiscitées par la société civile à travers notre sondage*.
Un constat qui appelle en urgence à des actions…
99 % des femmes ont déjà été victimes d’un acte ou commentaire sexiste en France (2). La prévalence des attitudes discriminatoires envers les femmes est le reflet d’inégalités structurelles dans le pays. En dépit d’un affichage politique fort, d’un arsenal législatif conséquent déployé depuis près de 40 ans et d’un tissu associatif éprouvé de longue date, les femmes et les filles pâtissent toujours de traitements différenciés par rapport aux hommes et aux garçons. Cette disparité en termes de droits, chances et responsabilités altère injustement les conditions de vie des femmes, et accroît souvent leur vulnérabilité, leur insécurité et leur précarité. Bien que dévalorisants et endémiques, les stéréotypes sous-jacents ne sont pas irréversibles si des politiques ambitieuses et transformatrices sont engagées sur le long terme. Il est impératif d’agir au plus haut niveau de l’État car des solutions concrètes existent. ONU Femmes France défend ainsi 10 mesures phares pour une présidentielle féministe.
…en accord avec les attentes de la société civile
Durant toute la campagne, des expert·e·s nous ont expliqué pourquoi ces mesures sont décisives et comment elles contribuent à accélérer les progrès pour les droits des femmes. Les résultats du sondage confirment désormais l’adhésion citoyenne à ce plaidoyer. D’autant plus que seulement 1 répondant·e sur 5 estime que l’action gouvernementale pour l'égalité de genre en France est satisfaisante ou très satisfaisante.






L’égalité, un enjeu universel mais une question des moyens conflictuelle
Dans leur ensemble, les mesures suscitent par ailleurs l’approbation des femmes comme des hommes : 61% des hommes répondants jugent très utile de rendre le congé paternité de 28 jours obligatoire et 69% des hommes répondants jugent très utile de rendre obligatoire dans les entreprises et le secteur public un programme d’actions interne contre le sexisme en milieu professionnel. En effet, l’égalité de genre n’est pas un sujet qui concerne uniquement les femmes, c'est une question de droits humains. Les résultats du sondage dépeignent une préoccupation universelle qui traverse non seulement les identités de genre, mais aussi les générations, les plus jeunes comme les précédentes : l’égalité de genre est personnellement très importante pour 93% des répondant·e·s de plus de 65 ans.
En revanche, alors que l’objectif d’égalité femmes-hommes fait visiblement consensus, les moyens contraignants sont les mesures qui soulèvent le moins d’adhésion : imposer l’élection d’un binôme paritaire à la tête des collectivités territoriales est placée, en moyenne, à la neuvième position dans le classement des dix recommandations par ordre de priorité.
On observe aussi que certains enjeux incontournables soulevés par les organisations féministes ne sont pas perçus ou compris comme tels par le public : 64% des répondant·e·s jugent très utile d’augmenter le nombre de ministères et d’institutions ayant décliné leur feuille de route sur la diplomatie féministe (26% le juge plutôt utile, 7%, peu utile, et 2%, pas du tout). C’est un chiffre important mais en deçà des résultats obtenus sur les autres recommandations qui semblent davantage médiatisées par rapport au sujet de la diplomatie féministe.
Lutte contre les violences conjugales, égalité professionnelle et enseignement scolaire
Pour rapidement mettre en place des actions à la hauteur des attentes, trois mesures prioritaires ont été sélectionnées par le public du sondage.
Tout d’abord, le milliard d’euros à la lutte contre les violences conjugales : c’est un montant indispensable pour prévenir et combattre ce fléau car 213 000 femmes en sont victimes chaque année (3). Il s’agit pourtant d’une violation des droits humains et des libertés fondamentales proscrite dans nos normes internationales, telle que la Déclaration sur l’élimination des violences à l’encontre des femmes des Nations Unies de 1993.
Ensuite, l'égalité salariale à poste de travail et de valeur égale : encore aujourd’hui, les femmes perçoivent en moyenne 23% de moins que les hommes (4). S’il n'est pas respecté, ce principe inscrit dans le Code du Travail ne peut contribuer à réduire les inégalités professionnelles, au détriment de l’autonomisation économique et de l’indépendance financière des femmes.
Enfin, des formations scientifiques et techniques plus accessibles aux filles : leur potentiel est fortement entravé par des discriminations et stéréotypes sexistes qui limitent également leur orientation dans les filières considérées sélectives et réputées "masculines''. Pour preuve, elles représentent seulement 26% des effectifs des classes préparatoires (5).
Respectivement 89%, 87% et 86% des répondant·e·s jugent ainsi ces trois mesures très utiles.
Face à ce constat, il est urgent d’agir au plus haut niveau de l’État pour faire de l’égalité de genre une réalité du prochain quinquennat. Chères candidates, chers candidats, l’égalité de genre n’est pas une option. Engagez-vous sur les priorités de la société civile.
RESTEZ INFORMÉ.E.S
*Sondage ONU Femmes France réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 7 mars au 1er avril 2022 auprès d’un échantillon non-représentatif de 1326 personnes.
(1) Collectif Féminicides par compagnons ou ex au 14 avril 2022. Consulté ici.
(2) Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances (2021). « Chiffres-clés - Édition 2021 : vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », p.68. Accessible ici.
(3) Ibid, p.71.
(4) Insee, « France, portrait social, édition 2020 », p.246. Accessible ici.
(5) Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, « Chiffres-clés : vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », p.58. Accessible ici.