Élection présidentielle 2022 : L’égalité de genre n’est pas une option

À l’occasion de la 5ème Journée nationale contre le sexisme, ONU Femmes France lance un plaidoyer pour défendre auprès des candidats et candidates à l’élection présidentielle 22 recommandations en faveur de l’égalité de genre. Pour que le prochain quinquennat soit celui de la fin des inégalités entre les femmes et les hommes ONU Femmes France et 39 associations membres du collectif Ensemble Contre Le Sexisme, appellent les candidats et les candidates à l’élection présidentielle à s’engager sur 22 leviers contre le sexisme.

L’égalité de genre, une condition sine qua non

Le sexisme repose sur des attitudes discriminatoires ancrées et qui sont des obstacles persistants à l’égalité de genre. En dépit des avancées sociales et politiques, les inégalités structurelles fondées sur le genre impactent négativement les conditions de vie des femmes et des minorités de genre, menaçant ainsi les progrès de la société dans son ensemble. Ces inégalités, exacerbées par les crises liées aux conflits, au dérèglement climatique ou encore à la pandémie de Covid-19, freinent la construction de réponses efficaces et durables aux défis de notre siècle. Tant que les femmes et les filles seront entravées dans la réalisation de leur plein potentiel, la sortie de crise est impossible.

L'état des lieux préoccupant du sexisme en France 

Les violences sexistes et sexuelles sont prépondérantes, en particulier dans la sphère conjugale. En témoigne que, depuis le premier janvier, 9 femmes ont été tuée par leur (ex) conjoint [1]. Mais également dans la sphère  professionnelle, en effet, 1 femme sur 2 a déjà été confrontée à une situation de sexisme ou de harcèlement sexuel au travail [2]. 

Les inégalités salariales et le déséquilibre entre la vie professionnelle et familiale persistent. Les femmes perçoivent en moyenne 23 % [3] de moins que les hommes. Sans parler du domaine du sport où, par exemple, les footballeuses professionnelles sont 37 fois moins rémunérées que leurs homologues masculins [4].

Ainsi, les femmes occupent 79,5 % des postes à temps partiel [5]. Notamment, 48 % d’entre elles y ont recours pour pouvoir assurer les soins aux personnes dépendantes au sein de leur famille et 20 % pour effectuer des travaux domestiques [6]. 

Dans le milieu éducatif, l'accès des filles aux formations sélectives, en particulier scientifiques, technologiques, informatiques et d’ingénierie, est limité alors qu’elles sont en moyenne meilleures élèves : elles représentent seulement 26 % des effectifs des classes préparatoires [7]. De plus, les femmes sont sous-représentées dans les manuels scolaires, par exemple seuls 3,2 % des biographies dans les manuels d’histoire de Seconde leur sont consacrées [8]. Cette invisibilisation se traduit également à  la télévision, en effet, les femmes détiennent uniquement 35 % du temps de parole [9]. 

La nécessité d’un engagement fort au plus haut niveau de l’État

Face à ce constat, il est urgent d’éliminer les vecteurs de stéréotypes et de préjugés qui différencient, codifient, hiérarchisent et discriminent les genres. Nous devons attaquer les rapports de force iniques qui dévalorisent le statut des femmes et sont à l’origine de nombreuses violences à leur encontre. Leurs rôles, responsabilités, activités ainsi que leur accès et contrôle des ressources sont déterminés par des relations dissymétriques, aujourd’hui plus que jamais, intolérables. Dans cette perspective, ONU Femmes France soutient les 22 recommandations du collectif “Ensemble contre le Sexisme” (ECLS) pour faire de l’égalité une priorité du futur quinquennat présidentiel. 

Issues de l’expertise d’un collectif de 40 associations dont ONU Femmes France, les 22 recommandations ont pour objectif d’accélérer le progrès à travers l’éducation, l’emploi, la santé, la lutte contre les violences faites aux femmes, la culture, le sport, la communication, les finances publiques, la diplomatie et la vie politique. Elles visent à combattre le sexisme et ses effets pour une société plus juste et inclusive. Sans engagements électoraux en ce sens dans le cadre d’une présidentielle féministe, l’égalité de genre reste hors de portée.

 
 

Les recommandations d’ONU Femmes France

Chaque semaine, retrouvez la vidéo d’un ou une experte sur nos réseaux sociaux afin de découvrir les  principales recommandations et comprendre les enjeux féministes de ce futur quinquennat présidentiel. Suivez les comptes d’ONU Femmes France pour ne rien rater !

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Le collectif Ensemble Contre le Sexisme rassemble 40 associations incontournables dans la lutte contre le sexisme et les discriminations de genre en France. Fondé en 2017, le collectif grandit chaque année pour embrasser toutes les diversités et tous les engagements. Le collectif travaille, depuis sa création, à la reconnaissance d’une journée nationale de lutte contre le sexisme pour sensibiliser les pouvoirs publics, les citoyen.nes et les milieux économiques aux ravages du sexisme dans toutes les sphères de la société.

Sources

[1] Collectif Féminicides par compagnon ou ex au 23 janvier 2022.

[2] « Étude Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et la Fondation européenne d’études progressistes (FEPS) réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 15 avril 2019 auprès d’un échantillon de 5 026 femmes, représentatif de la population féminine âgée de 18 ans et plus résidant en Italie, en Espagne, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni », p.71. Disponible ici.

[3] Insee, « France, portrait social, édition 2020 », p.246. Disponible ici.

[4] « Rapport de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité du Sénat », 2019.

[5] Insee, « Enquête Emploi 2020 ».

[6] Dares, « Temps partiel et ségrégation professionnelle femmes-hommes : une affaire individuelle ou de contexte professionnel », Travail et emploi n° 161, 2020. Chiffres Insee, enquêtes Emploi 2013 à 2016.

[7] Ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, « Chiffres-clés : vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes », p.58. Disponible ici.

[8] Centre Hubertine Auclert, « Histoire et égalité femmes-hommes : peut mieux faire ! La représentation des femmes dans les manuels d’histoire de seconde et de CAP », Paris, 2011.

[9] CSA, « La représentation des femmes à la télévision et à la radio », Rapport sur l’exercice 2020, mars 2021.