Sonita Alizadeh, la rappeuse afghane qui lutte contre les mariages forcés

En ce mois de novembre, dans le cadre de la campagne Orange The World pour lutter contre les violences faites aux femmes, ONU Femmes France met en lumière Sonita Alizadeh, jeune rappeuse afghane. Ayant échappée à deux mariages forcés, elle est aujourd’hui un symbole de la libération des femmes et de la lutte contre les violences de genre. À travers ses textes, elle porte la voix de nombreuses jeunes femmes victimes de la traite d'êtres humains et mariées de force. Portrait.

Une enfance menacée

À l’âge de 10 ans, Sonita Alizadeh doit être vendue à un homme et être mariée de force. Elle réussit à y échapper lorsque la guerre frappe l’Afghanistan et que l’arrivée des talibans pousse sa famille à se réfugier clandestinement en Iran.

Une fois en Iran, elle travaille en tant qu’employée de maison et bénéficie d’une éducation et d’un enseignement qui ne lui étaient pas accessibles dans son pays d’origine.

La musique, porteuse de combats

C’est à cette même période qu’elle découvre les chansons du rappeur Eminem et décide de se lancer dans le rap, afin d’exprimer sa colère et sa révolte contre les mariages forcés et les violences faites aux filles et aux jeunes femmes.

À l’âge de 18 ans, elle risque une deuxième fois d'être vendue à un inconnu pour 9000 euros et mariée de force en Afghanistan. Cependant, proche de la réalisatrice iranienne Rokhsareh Ghaemmaghami, elles tournent ensemble un documentaire sur l’histoire de Sonita, ce qui lui permet de rester en Iran avec sa famille et d’échapper au mariage.

Profondément touchée par ces événements, elle publie sa première chanson « Filles à vendre » (Daughters for Sale) et  tourne son premier clip avec Rokhsareh Ghaemmaghami, qui sera vu plus d’1.5 million de fois sur YouTube. Elle y dénonce les violences que subissent les femmes et, en particulier, les ventes de jeunes filles à des hommes pour qu’elles se marient sous la contrainte. 


Extrait de la chanson « Filles à vendre »


« Je crie pour compenser la vie de silence d'une femme.

Je crie au nom des blessures profondes sur mon corps.

Je crie pour un corps épuisé dans sa cage. 

Un corps qui s'est brisé sous les étiquettes de prix que vous mettez dessus. »



Sonita Alizadeh - « Daughters For Sale »

Une volonté d’étendre son engagement

Alors qu’elle est menacée de mort en Iran pour avoir chanté en public ce qui est interdit aux femmes dans le pays, l’ONG Strongheart décide de financer ses études aux États-Unis. Elle y étudie le droit, afin de devenir avocate et de défendre les droits des enfants et des femmes afghanes dans son pays.
En 2021, elle remporte le Prix Liberté à Caen, en association avec l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix.

Aujourd’hui, Sonita Alizadeh continue de se battre pour la liberté des femmes et fait résonner son discours partout dans le monde, notamment avec la musique. A travers elle, c’est la voix de nombreuses femmes qui n’ont pas eu la chance de pouvoir s’exprimer librement qu’il nous est donné d’entendre.

Les mariages forcés, une réalité qui perdure

650 millions de femmes en vie aujourd’hui ont été mariées avant l’âge de 18 ans (1). Cette pratique affecte de manière disproportionnée les femmes et les filles et fait partie intégrante des violences basées sur le genre. 

Les mariages forcés et précoces ont souvent pour conséquence principale de priver les filles de leur éducation et de leur droit de faire des choix de vie. En effet, la dépendance économique à leur mari qui exerce un contrôle économique peut leur interdire définitivement la possibilité d’être scolarisée. 

De plus, les jeunes filles contraintes de se marier sont davantage exposées aux violences perpétrées par leur partenaire (1). Parmi les violences que peuvent subir les victimes figurent les violences sexuelles telles que le viol conjugal. Ce dernier fait référence à tout acte de pénétration non consenti commis par un·e partenaire intime, y compris dans le cadre de relations matrimoniales.

REST

EZ INFOR

MÉ.E.S

Sources

  1. UNICEF, Child marriage around the world (Les mariages d’enfants dans le monde), Infographie, 2019.