Education : Ne laisser aucune fille de côté
Grâce à des décennies de recherche, nous savons que l'accès à l'éducation des filles et des femmes permet une diminution de la pauvreté, des violences et de la mortalité infantile. Parallèlement, nous observons des progrès dans les domaines des soins de santé et de la prévention du VIH. De plus, chaque année qu’une fille passe à l'école accroître considérablement ses futurs revenus.
Des élèves dans l'enceinte de l'école primaire Angelina Jolie dans le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya.
Malgré les grands progrès accomplis dans l’accès à l'éducation des filles au cours des dernières décennies, celles issues des foyers les plus défavorisés et des zones rurales sont encore laissées pour compte. Selon le rapport “Progrès dans la réalisation des Objectifs de développement durable : Panorama du genre" d’ONU Femmes et d’UNDESA, même sans les conséquences du COVID-19, il faudra au moins 54 ans de plus pour que toutes les filles achèvent l’enseignement du cycle primaire.
Le rapport cite également des données récentes provenant de 29 pays montrant que les écarts dans l'achèvement de l'école secondaire entre les filles des zones rurales les plus pauvres et les filles des zones urbaines les plus riches peuvent varier de 11,5% à 72,2%.
La discrimination basée sur l'origine ethnique, la religion, le statut migratoire et les handicaps peut également perturber l'éducation. Les enfants en situation de handicap ont moins accès à l'école primaire, selon des données provenant de 42 pays, et la disparité est plus grande pour les filles (seulement 18 % des filles ayant un ou plusieurs handicaps ont suivi un programme d'éducation préscolaire, contre 28 % des filles n'ayant pas de handicap). Les perturbations de l'éducation liées aux pandémies ont encore aggravé les inégalités d'apprentissage pour les filles et les jeunes femmes.
La COVID-19 aggrave les inégalités existantes
Avec plus de deux ans de pandémie derrière nous, et malgré la réouverture de la plupart des écoles, les perturbations dans l'éducation laisseront des impacts durables, en particulier chez les filles marginalisées et en situation de vulnérabilité. Par exemple, le rapport révèle que dans les États mexicains de Campeche et du Yucatan, la proportion d'élèves de 10 ans capables de comprendre des textes simples a diminué de 25% chez les élèves ayant peu de ressources socio-économiques, contre 15% chez les élèves issus de milieux socio-économiques plus favorisés. À l'échelle mondiale, près de 130 millions de filles ne sont pas inscrites dans l'enseignement formel, et plus de la moitié d'entre elles se trouvent dans des pays touchés par des crises. En Afghanistan, les filles ne sont même plus autorisées à fréquenter l'école.
La pandémie a également entraîné une augmentation des grossesses chez les adolescentes, ce qui menace davantage l'éducation des filles. Le rapport révèle qu'au Kenya, au Rwanda, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie, 56% des adolescentes issues de populations isolées et ayant abandonné l'école pendant la pandémie étaient actuellement enceintes ou l'avaient été récemment. La pandémie a également engendré une augmentation du risque de violences sexistes et sexuelles, de problèmes de santé mentale, ainsi que d'insécurité alimentaire et économique.
Des opportunités manquées dans la technologie et l'innovation
Le rapport souligne également que les normes et les stéréotypes de genre demeurent profondément ancrés dans les programmes d'études, les manuels et l'enseignement, entravant les choix des filles en matière d'études et de carrière. À l'échelle mondiale, les jeunes femmes surpassent les hommes dans l'enseignement supérieur, mais en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM), les femmes ne représentent que 35% des étudiant.e.s, et 3% en Technologies de l'information et de la communication (TIC).
Dans de nombreux pays, les filles sont découragées de suivre des études en STIM. Les enseignant.e.s et les parents, intentionnellement ou involontairement, perpétuent des préjugés sur ce qui est "approprié" pour les femmes et les hommes. Aux Philippines, des filles dès l'âge de 10 ans perdent de l'intérêt pour les matières STIM, percevant ces carrières comme dominées par les hommes et croyant que les filles sont naturellement moins douées dans ces domaines. En l'absence de modèles féminins, ces perceptions sont continuellement renforcées. Les femmes ne représentent que 19,9% des professionnelles en sciences et en ingénierie.
Les écarts dans l'éducation et les carrières en STIM sont encore plus importants pour les femmes et les filles défavorisées, lorsque le genre s'entrecroise avec d'autres caractéristiques, comme l’ethnicité. Aux États-Unis, le rapport met en évidence que les femmes afro-américaines et hispaniques travaillant dans ces domaines gagnent environ 20 000 dollars de moins par an que la moyenne des emplois STIM, et près de 33 000 dollars de moins que leurs homologues masculins blancs.
Les actions d'ONU Femmes en faveur de l'éducation des filles
Il est impératif de s'engager à transformer l'éducation des filles, notamment en encourageant leur participation dans les STIM.
ONU Femmes mène des actions sur le terrain pour inverser cette tendance. Un exemple est l'initiative « Les jeunes Africaines savent coder » qui vise à renforcer les capacités des jeunes filles en Afrique en les aidant à acquérir des compétences numériques et informatiques et en les orientant vers des carrières dans le domaine de la technologie.
L’initiative vise à former un minimum de 2 000 filles de 17 à 25 ans, afin de les préparer à un avenir de programmeuses, de créatrices et de conceptrices. Outre la mise en place de campus, la première phase de l’initiative comprend également l’élaboration d’un guide sur l’intégration des TIC, sur l’égalité de genre et sur le codage dans les programmes nationaux à travers le continent, ainsi que le lancement d’une plateforme d’apprentissage en ligne et la production d’une série de webinaires.
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