Témoignage de Svetlana Babaș, réfugiée ukrainienne avec son nouveau-né et sa fille de 3 ans

Svetlana Babaș, 19 ans, est une femme rom ukrainienne qui a dû fuir son pays à cause du conflit. Pour ONU Femmes, elle partage son histoire et confie ses inquiétudes en tant que jeune mère de famille réfugiée en Moldavie.

Svetlana Babaș avec ses deux filles

« On m’a dit que quelque chose allait se produire - une guerre peut-être - mais je ne l’ai pas pris au sérieux. Enceinte de 35 semaines, toutes mes pensées étaient dédiées au petit miracle qui allait rejoindre notre famille et à ma fille aînée, Sofia.

Je dormais à côté d’elle quand notre cauchemar a commencé. Dès les premiers bombardements, j’ai compris que cela se produisait réellement. À l’époque, je résidais à Kotovsk, dans l’Oblast d’Odessa, et à moins de 8 kilomètres de là, une guerre cruelle commençait. Avec l’aide de ma sœur, qui sait conduire et possède une voiture, j’ai réussi à m’échapper avec ma fille et à me rendre dans une autre région d’Ukraine en moins d’une heure. J’ai quitté la maison avec seulement les vêtements dans lesquels je dormais.

En quatre jours seulement, il n’y avait plus d’endroit sûr dans notre pays... Je me suis donc retrouvée enceinte, une petite fille de trois ans et une énorme préoccupation : chercher la sécurité, un endroit où ma petite fille ne tremblera pas sous le son des bombes et des coups de feu.

Notre voyage en Moldavie a été long et épuisant. Je suis impressionnée par la solidarité des bénévoles et des organisations locales qui fournissent nourriture, transport et hébergement. Ils nous ont donné tout ce dont nous avions besoin et nous ont aidé à trouver un abri dans un centre de placement temporaire pour réfugié.e.s à Straseni. J’ai été ravie d’avoir une chambre chaude juste pour nous, de l’eau chaude, une salle de bain privée et une nourriture délicieuse.

Peu après, une médecin est venue visiter le centre et, remarquant mon état, m’a immédiatement examinée. Elle m’a dit que j’allais accoucher très bientôt. J’ai essayé de convaincre la médecin que j’avais encore quelques semaines et de nombreux projets, dont celui d’aller en Belgique où ma mère m’attendait. Quelques jours plus tard, ma deuxième fille est effectivement née. Les médecins de Moldavie m’ont aidé à accoucher d’Adelina qui est en bonne santé. C’est une guerrière.

Ici, au centre de réfugié.e.s, on m’a offert tout ce dont j’avais besoin pour mes enfants : une poussette, des vêtements, des couches, des médicaments et même du lait maternisé. L’attitude à notre égard est très chaleureuse et accueillante.

Comment je me sens par rapport au fait que mon mari et ma famille soient restés en Ukraine ?... Je suis effrayée. Mais en tant que mères, nous devons faire passer nos enfants avant tout. Je suis convaincue que des millions de femmes mènent le même combat que moi ».

Initialement publié sur le site de UN Women Europe et Asie Centrale

Traduit par Elodie Choquet

 

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