Recrudescence des violences en Haïti : les femmes en première ligne
L'escalade de la violence des gangs en Haïti a poussé le pays au bord de l'effondrement, les groupes armés contrôlant les quartiers clés de Port-au-Prince et se livrant à des atrocités de masse.
Le site pour personnes déplacées de l'école Marie-Jeanne à Port-au-Prince, où 7 000 personnes vivent dans des conditions de surpeuplement et de désespoir, en quête de sécurité dans le contexte de la violence armée qui sévit en Haïti, 18 mars 2025. Photo de l'école de Port-au-Prince : UNICEF/UNI769396/Patrice Noel.
La violence des gangs dans le pays a engendré le déplacement de plus d'un million de personnes, soit près d'un dixième de la population. L'effondrement de la sécurité touche plus durement les femmes et les filles, érodant leur sécurité, leur santé et leurs droits humains fondamentaux.
Les femmes en première ligne de la crise humanitaire
En Haïti, les femmes et les filles sont particulièrement touchées par la crise humanitaire. On estime que 47 % des femmes et des filles auront besoin d’une aide humanitaire en 2025.
Dans un contexte de violences accrues et d’insécurité persistante, leur accès aux services de santé est gravement entravé, tandis que leur charge de travail liés aux soins non rémunérés s’est considérablement alourdie. La fermeture de nombreux établissements de santé et de plus de 900 écoles vient encore aggraver leur vulnérabilité.
Explosion des violences sexuelles dans les zones de déplacement
Les violences sexuelles fondées sur le genre sont en nette augmentation, en particulier dans les sites de déplacement où les besoins en matière d’abris, d’installations sanitaires et de protection restent largement insuffisants.
Les femmes sont les principales victimes de ces violences : viols, viols collectifs, enlèvements et meurtres. Elles sont particulièrement exposées lors d’incursions de gangs dans les quartiers résidentiels. Les filles, quant à elles, sont davantage vulnérables lorsqu'elles se trouvent dans la rue.
Une insécurité alimentaire galopante
La crise alimentaire en Haïti atteint des niveaux critiques : 5,7 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
Près d’un million de foyers dirigés par des femmes en subissent les conséquences directes. La situation s’aggrave sensiblement depuis août 2024, notamment dans les camps de déplacés, où 65 % de ces ménages sont touchés.
Le phénomène concerne aussi 60 % des foyers féminins à Port-au-Prince, 50 % dans le “Rest-of-West” et 40 % dans l’Artibonite.
ONU Femmes appelle la communauté internationale, les gouvernements, les organisations humanitaires, les donateurs, les partenaires du développement et du secteur privé à intensifier leur action en faveur des femmes en Haïti.
Il est urgent de fournir une aide alimentaire d’urgence et une assistance financière directe aux ménages dirigés par des femmes, de mettre en place des activités génératrices de revenus pour renforcer leur autonomie économique, et de soutenir les organisations de femmes afin qu’elles puissent défendre leurs droits, répondre aux besoins prioritaires des communautés et venir en aide aux survivantes de violences.
👉 Pour les soutenir concrètement :