L’autonomisation économique des femmes et la réduction de la malnutrition chronique : un cercle vertueux
L’autonomisation économique des femmes est une exigence fondamentale pour réaliser de nombreux Objectifs de Développement Durable, notamment l’éradication de la malnutrition chronique, une maladie qui s’attaque au capital humain et scelle les inégalités dès la petite enfance. Quand les femmes gagnent en autonomie économique, elles investissent dans la nutrition de leurs enfants. Quand les enfants reçoivent une bonne nutrition, leur communauté prospère.
En septembre 2020, le ministère français des Solidarités et de la Santé publiait un rapport intitulé « Les 1 000 premiers jours : là où tout commence » dans lequel 18 expert.e.s démontraient comment les 1 000 premiers jours de la vie d’un.e enfant scellent des inégalités de destin.
En 2020, 144 millions d’enfants de moins de cinq ans étaient atteint.e.s de malnutrition chronique : en l’absence de nutriments essentiels, notamment de protéines, de vitamines et de minéraux, ces enfants souffrent de retard de croissance, d’une perturbation de leur développement cérébral et d’un système immunitaire affaibli. Une petite fille malnutrie gagnera 22 % de moins en salaire à l’âge adulte. Puis, elle donnera naissance à un bébé malnutri qui répétera, à son tour, ce cercle vicieux.
Responsable de l’alimentation du bébé pendant la grossesse, l’allaitement, et la petite enfance, les femmes jouent un rôle central dans la nutrition des enfants. Lorsque les femmes contrôlent l’allocation des ressources du foyer, elles sont plus susceptibles que les hommes d’investir dans le bien-être des enfants, notamment leur alimentation (1). Il est donc urgent d’augmenter le pouvoir d’achat des femmes, d’autant plus qu’une alimentation qui répond aux besoins nutritifs d’une femme enceinte coûte 2,33 dollars par jour, un montant supérieur au seuil de pauvreté globalement admis.
Pour résoudre la question du pouvoir d’achat des femmes, le secteur agricole représente une opportunité non négligeable. En effet, en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud, le secteur agricole est le premier secteur d’emploi des femmes (2), qui représentent la moitié des agriculteur.ice.s. Les agricultrices ont moins accès que les hommes aux ressources et aux intrants agricoles. Pourtant, l’élimination de ces inégalités entre les femmes et les hommes permettrait d’augmenter leur rendement de 20 à 30 %, ce qui pourrait sortir 100 à 150 millions de personnes de la sous-alimentation (3). En investissant dans l’accès des femmes aux ressources agricoles, tout en promouvant une agriculture diversifiée, qui met en avant des aliments à haute valeur nutritionnelle, on peut donc à la fois soutenir leur autonomisation économique et réduire la malnutrition.
Fort de ce constat, l’approche de UNITLIFE est simple : soutenir les femmes pour leur permettre de produire ou d’acheter des aliments qui répondent à leurs besoins nutritifs et à ceux de leurs enfants, préservant ainsi le capital humain de la prochaine génération.
Pour cela, UNITLIFE, initiative créée par le Fonds d'équipement des Nations Unies et ONU Femmes, mise sur les partenariats avec des petites et moyennes entreprises (PME) locales, pour assurer la durabilité des interventions. Au Niger, nous finançons ainsi un projet accompagnant une PME locale qui vend aux agricultrices des semences de céréales et de légumes bio-fortifiées à la valeur nutritionnelle augmentée. En parallèle, nous renforçons la connaissance des femmes en matière de pratiques nutritives, et nous facilitons leur accès à des techniques agricoles adaptées à leur région. Enfin, nous soutenons l’accès des agricultrices à des activités locales génératrices de revenus complémentaires. En combinant l’approche du secteur privé, pour assurer un accès durable à une alimentation locale durable, avec des activités visant à augmenter le pouvoir d’achat des femmes, nous mettons en place un cercle vertueux ayant un impact durable sur les générations futures.
Assia Sidibé
Directrice des programmes du Secrétariat de UNITLIFE
(1) Quisumbing, Agnes R., ed. 2003. Household decisions, gender, and development: a synthesis of recent research. Washington, D.C.: International Food Policy Research Institute (IFPRI)
(2) The role of women in agriculture. FAO ESA Working Paper No. 11-02. March 2011
(3) Closing the gender gap in agriculture. FAO Report