Egalité femmes-hommes : les jeunes sont-elles.ils féministes ?

Paris, le 4 septembre 2020


À l’occasion de la publication du 7ème Baromètre de la solidarité internationale intitulé « Perceptions des Français·e·s sur l’égalité entre les femmes et les hommes à la veille du Forum Génération Égalité » mené par Focus 2030, ONU Femmes France a cherché à comprendre comment les jeunes se positionnent face au féminisme et s’engagent au quotidien dans ce combat. ONU Femmes France a été à la rencontre de jeunes féministes pour répondre à cette question. 


Un long chemin à parcourir pour atteindre l’égalité 

Selon le sondage de Focus 2030, 43 % des 18-24 ans se déclarent féministes en France. C’est à peine plus que la moyenne tous âges confondus, qui se situe à 40 %. Là où l’on pourrait penser que les jeunes revendiqueraient plus facilement leur féminisme, on peut s’étonner d’une si faible différence.

 
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Étonnant également, la tolérance des jeunes à l’égard de certains comportements sexistes. 18 % des 18-24 ans considèrent acceptable de raconter et de partager des blagues sexistes. Plus inquiétant encore, 11 % pensent acceptable de laisser les femmes s’occuper des tâches ménagères. Les stéréotypes de genre restent donc un enjeu critique dans la lutte vers l'égalité femmes-hommes.

 
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De nombreuses initiatives féministes existent aujourd’hui afin de lutter activement contre le sexisme insidieux et la perpétuation des stéréotypes de genre. Le concours #Zérocliché du CLEMI permet ainsi aux élèves, accompagné.e.s de leurs professeur.e.s, de réaliser des productions médiatiques afin de déconstruire les clichés et stéréotypes sexistes. Les élèves du collège Bory de Saint-Vincent à La Réunion ont été lauréat.e.s cette année avec leur émission « Radio Récré : Émission spéciale Égalité ».

Audrey y a participé : “Pour ce projet, on devait jouer le rôle de femmes célèbres pour leurs combats pour les Droits des femmes. J’avais choisi Dian Fossey, parce que je l'ai découverte à la télé et que j'aimais bien son histoire et son courage. Le thème de l'égalité me touche particulièrement parce que j'ai déjà vécu du harcèlement. C'est important de le combattre."

Autre constat : les violences de genre semblent encore bien trop largement présentes et tolérées. Croire et soutenir les victimes de violence n’est pas encore un acquis pour tou.te.s : 15 % des 18-24 pensent que les femmes exagèrent en ce qui concerne le harcèlement et/ou les viols qu’elles subissent. Heureusement, de nombreuses associations féministes s’engagent, les jeunes ne sont pas en reste !

Chez En Avant Toutes, association qui lutte pour l’égalité de genre et la fin des violences faites aux jeunes femmes et aux personnes LGBTQIA+, Léa déclare : “Être féministe, c’est s'affranchir des normes sociales bien trop écrasantes et discriminantes et les réinventer.

Un féminisme assumé...

Pour autant, selon le sondage de Focus 2030, davantage de jeunes se disent “tout à fait féministes” par rapport au reste de la population, soit 11 % des 18-24 ans. On peut donc penser que les jeunes sont des moteurs contributeurs de la lutte pour l’égalité. Contrairement aux générations plus âgées, les jeunes semblent également plus capables de reconnaître le sexisme et par contre de le combattre. Plus de la moitié des 18-34 ans disent avoir déjà subi des remarques ou insultes sexistes, contre 26 % des plus de 65 ans.

 
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Globalement, les femmes, jeunes notamment, sont bien plus conscientes des inégalités que les jeunes hommes. Elles se disent plus féministes (48 % contre 34 % des hommes). Elles refusent plus largement les remarques et comportements sexistes : 21 % des hommes trouvent acceptable de raconter ou de partager des blagues sexistes contre 9 % des femmes. 24 % des hommes considèrent acceptable que certains métiers soient réservés aux hommes contre 13 % des femmes.

Jeanne, de Sang Protection, un collectif de jeunes engagé.e.s contre la précarité menstruelle à travers des collectes de protections hygiéniques et sensibilisant autour de ce sujet sur les réseaux sociaux, en est persuadée : “Les jeunes ont un vrai désir de progrès et d'amélioration, nous avons étudié les avancées des droits des femmes en histoire, nous voulons faire partie du changement à venir.

inclusif et vigilant

Les hommes sont des alliés bienvenus. Certains s’engagent parfois en faveur de l’égalité, dans leur vie personnelle et/ou au sein d’une association.

C’est le cas de Pierre-Jean, fondateur du think tank mixte Jacqueline Kennedy, un organisme international indépendant composé de jeunes d’Amérique du Nord et d’Europe oeuvrant à éduquer à la citoyenneté et aux nouvelles solidarités grâce aux nouvelles technologies. Selon lui : “Être féministe, c’est surtout un combat pour l’émancipation des femmes par chacune et chacun.”

Les jeunes féministes également sont relativement vigilant.e.s quant aux avancées en faveur de l’égalité.

 
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De nouveaux sujets d’engagement et des formes variées de militantisme

Les nouvelles générations souhaitent apporter un souffle nouveau à la lutte féministe. De nombreuses organisations choisissent de traiter de nouveaux sujets.

C’est le cas du collectif Sang Protection qui, comme l’explique Jeanne, sa cofondatrice : “lutte contre la précarité menstruelle en collectant des protections hygiéniques, et sensibilise les jeunes au tabou des règles dans les établissements scolaires”.

Les jeunes sont également enclin.e.s à utiliser les moyens d’actions et les nouveaux outils à leur disposition. 22 % des 18-24 ans se disent prêt.e.s à manifester et 38 % à partager des informations sur les réseaux sociaux.

C’est ce que souligne Marie, engagée au sein de l’antenne ONU Femmes de l’association étudiante Sorbonne pour l’organisation des Nations Unies : “L'égalité de genre est apparue récemment avec une certaine acuité dans un contexte de libération de la parole. Le développement d'un féminisme en ligne s'est fait le réceptacle de nouveaux idéaux permis par une hausse de l'intérêt public aux rapports de genre et une reconfiguration des pratiques militantes.

Être féministe, un combat du quotidien

Jeanne du collectif Sang Protection le rappelle ainsi : “Je pense qu'il est important d'ajouter qu'être féministe, ce n'est pas forcément faire partie d'une association ou d'un collectif, ce sont aussi des actions et des victoires sur les détails du quotidien, tel que les conversations familiales, scolaires sur les conditions des femmes, la solidarité dans les transports en commun ou dans la rue, lorsque l'on voit une femme être harcelée, mais aussi juste soutenir quelqu'un.e victime de sexisme.

Le point de vue d’ONU Femmes France

L’engagement de la jeune génération, illustré à travers les prises de parole mises en avant, est une clé de réussite de la lutte pour l’égalité de genre. En tant qu’acteur.ice.s du monde d'aujourd'hui, les jeunes ont tout à fait la force, la volonté et les capacités de changer la donne. C’est dans cette dynamique qu’ONU Femmes a mis l’accent sur l’aspect intergénérationnel et l’inclusion des jeunes dans sa campagne Génération Égalité.

Nous sommes fièr.e.s de soutenir cette initiative cruciale pour l’égalité femmes-hommes. Le manque de données, notamment de statistiques genrées, est un problème récurrent dans le champ de l’égalité et de la lutte contre les discriminations. Mieux identifier et évaluer permet de mieux comprendre et in fine, d’agir plus efficacement. Ce sondage est un pas de plus vers une plus grande prise de conscience de l’urgence de réaliser pleinement l'égalité de genre.” affirme Fanny Benedetti, Directrice Exécutive d’ONU Femmes France.

NB : Le sondage de Focus 2030 a été labellisé Génération Égalité Voices par ONU Femmes France.


A propos d’ONU Femmes France

ONU Femmes France est l'association loi 1901 d’intérêt général, relais d’ONU Femmes - l’agence des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes - en France et dans les pays francophones. L’association rassemble une équipe constituée majoritairement de femmes et d’hommes bénévoles, issu.e.s de différents secteurs d'activité (privé, associatif et institutionnel) qui s’engagent pour défendre les droits des femmes et des filles et pour promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes.

ONU Femmes France soutient les programmes de terrain d’ONU Femmes sur le plan mondial en mobilisant la générosité des donateur.rice.s et du grand public et en développant des partenariats avec des acteur.rice.s institutionnel.le.s, entrepreneuriaux et événementiel.le.s. L’association se fait le relais des actions et des campagnes internationales menées par ONU Femmes. Elle développe des actions de plaidoyer, de sensibilisation et de mobilisation du public et agit en partenariat avec les associations, les universitaires et les institutions qui œuvrent en faveur de l’égalité des sexes. Elle soutient la campagne « Génération Égalité : pour les droits des femmes et un futur égalitaire » et participera aux côtés d’ONU Femmes, de la France et du Mexique au Forum Génération Égalité de 2021. Plus d’informations : www.onufemmes.fr 


Les données utilisées sont issues de l’enquête en ligne réalisée par l’institut YouGov pour Focus 2030 entre le 5 et le 13 février 2020 auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 2003 personnes. Plus d'informations : https://focus2030.org/Barometre-de-la-solidarite-internationale-no7