Soudan : deux ans de guerre, deux ans de souffrance et de résilience des femmes
Deux ans après le déclenchement du conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF), le Soudan traverse la plus grave crise humanitaire mondiale actuelle.
Plus de 12 millions de personnes ont été déplacées, plus de la moitié étant des femmes et des enfants.
Dans un pays déjà fragilisé par des décennies de conflits internes, des catastrophes climatiques et une instabilité politique chronique depuis la chute d’Omar el-Béchir en 2019, les infrastructures essentielles telles que la santé, l’éducation, et les services de base sont désormais à l’agonie. Aucun pourparler de paix n’a encore été amorcé.
Entre survie et exclusion : les femmes soudanaises au cœur d’une crise humanitaire majeure
La guerre civile, désormais présente dans 17 des 18 États du pays, a entraîné l’effondrement des services essentiels, paralysé l’acheminement de l’aide humanitaire et fait exploser les besoins de la population. Aujourd’hui, plus de 30 millions de personnes, soit près des deux tiers des Soudanais dépendent d’une aide extérieure pour survivre.
Les femmes soudanaises sont les premières victimes de ce conflit. Elles représentent 53 % des personnes déplacées à l’intérieur du pays, soit au moins 5,8 millions de femmes, vivant pour la plupart dans des conditions précaires et dangereuses. L’insécurité alimentaire s’aggrave, l’accès aux soins est quasi inexistant — 80 % des hôpitaux sont hors service — et les violences basées sur le genre explosent.
En 2024, les demandes d’aide en lien avec ces violences ont augmenté de 288 %. Malgré leur rôle crucial dans l’évacuation des civils, la distribution d’aide humanitaire ou encore le plaidoyer pour la paix, les femmes restent largement exclues des négociations diplomatiques. Elles réclament, avec le soutien d’ONU Femmes, une représentation paritaire dans les futurs processus de paix.
Dans un communiqué publié lundi 14 avril, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a évoqué une situation désastreuse pour les civils :
« Deux ans après le déclenchement de cette guerre dévastatrice, le Soudan s’enlise dans une crise d'une ampleur stupéfiante, dont les civils sont les premières victimes. La seule manière de garantir leur protection est de mettre fin à ce conflit insensé. »
Anna Mutavati, Directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Est et australe, témoigne
Anna Mutavati, Directrice régionale d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Est et australe, a par ailleurs appelé la communauté internationale à agir. Elle a réaffirmé la solidarité de l’organisation envers les femmes soudanaises, dénonçant les violences récentes, notamment à Darfour où une attaque a fait plus de 400 morts. Elle appelle la communauté internationale à garantir un accès humanitaire d’urgence, notamment pour les populations privées de nourriture, de soins et d’eau potable.
Mutavati dénonce également l’usage des violences sexuelles comme arme de guerre et le traumatisme profond des femmes déplacées. Dans les camps de fortune, comme ceux de Saada ou Salam, les conditions de vie sont inhumaines : manque d’eau, absence de soins, accouchements sans assistance médicale. Malgré ces défis, les organisations féministes soudanaises dont l’engagement remonte à plusieurs décennies continuent de se mobiliser. Leurs revendications sont claires : la cessation des hostilités, la justice pour les violences subies, l’inclusion pleine et entière dans les négociations de paix, un soutien renforcé à leurs structures locales, et la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.
Alors que le conflit s’enlise, un message se fait entendre avec force : sans les femmes, il n’y aura pas de paix durable au Soudan.
ONU Femmes aux côtés des femmes soudanaises pour la paix et l’aide humanitaire
Dans un contexte de crise humanitaire majeure, Salvator Nkurunziza, Représentant d’ONU Femmes au Soudan, rappelle que toutes les actions de l’organisation sont menées en étroite collaboration avec les organisations locales de femmes. Présentes sur le terrain malgré des conditions difficiles, elles sont en première ligne face aux violences basées sur le genre, à l’urgence humanitaire et à l’autonomisation économique des femmes.
Depuis le début du conflit, ONU Femmes a soutenu plus de 60 organisations dirigées par des femmes, notamment dans les zones les plus touchées, atteignant plus de 15 000 femmes grâce à des formations, de l’aide humanitaire et à l’accès à des services essentiels.
Ces organisations jouent un rôle clé dans la réponse à la crise : elles identifient les besoins dans les camps de déplacés, accompagnent les survivantes de violences, apportent un soutien psychosocial et proposent des formations génératrices de revenus. Elles interviennent également auprès des femmes les plus vulnérables telles que les femmes enceintes, en situation de handicap, cheffes de famille qui sont souvent invisibilisées dans les réponses humanitaires classiques.
ONU Femmes réaffirme son engagement à rester aux côtés de ces actrices de terrain, à soutenir leur action, à défendre leur rôle dans l’aide humanitaire et à promouvoir leur leadership dans la construction d’une paix durable.
Pourtant, ces organisations locales ne reçoivent que 2 % de l’aide humanitaire disponible. Nkurunziza alerte sur un manque de financement chronique et appelle à un soutien pérenne :
« Les femmes sont des actrices essentielles pour engager la réponse humanitaire. Leur inclusion renforce l’impact collectif. Abandonner les femmes du Soudan n’est pas une option.»
Présente au Soudan depuis 2010, ONU Femmes soutient activement les femmes soudanaises à travers plusieurs axes : l’autonomisation économique, la lutte contre les violences de genre, l’accès aux services de protection et le leadership féminin.
👉 Pour soutenir les organisations locales concrètement :