Femmes, paix et résilience : un appel à agir pour le Soudan
Séance de soutien psychologique dans l’un des centres d’espaces sûrs à Gedaref, au Soudan. Crédit photo : Hope / ONU Femmes Soudan.
Le jeudi 2 octobre, ONU Femmes France a réuni sa communauté autour d’une table ronde intitulée « Femmes, paix et résilience : regards croisés sur la crise au Soudan », réunissant des expert·es et des acteurs et actrices humanitaires pour discuter de la situation dramatique des femmes et des filles dans le pays.
Un conflit méconnu mais dévastateur
Depuis avril 2023, le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires de son histoire : plus de 13 millions de déplacé·es, dont la moitié sont des femmes, la famine et les épidémies se propagent, et les violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre. Les infrastructures essentielles sont détruites : 80 % des hôpitaux sont hors service, et plus de 17 millions d’enfants sont privés d’école.
Delphine O, Ambassadrice française et Secrétaire générale de la 4ᵉ Conférence ministérielle des diplomaties féministes a rappelé le rôle de la France et son intervention humanitaire auprès de la population soudanaise :
« La France intervient sur trois piliers : répondre à l’urgence humanitaire, soutenir un règlement négocié du conflit et accompagner un dialogue inter-soudanais incluant les femmes. »
Les femmes et les filles : premières victimes et actrices de paix
Les femmes et les filles paient le prix fort du conflit. Violences sexuelles, déplacements forcés, mariages précoces et exploitation sont monnaie courante. Mais elles sont aussi les piliers de la société et des mouvements de paix, ayant joué un rôle central dans le renversement de la dictature de Béchir.
Salvator Nkurunziza, représentant pays ONU Femmes au Soudan, souligne :
« Derrière ces chiffres, ce sont des vies. Des femmes comme Salah, mère de trois enfants, ont été déplacées plusieurs fois, ont assisté à des combats, et survivent dans des conditions extrêmes. »
Pour soutenir ces femmes, ONU Femmes déploie des programmes de leadership, d’accès aux services, de protection et d’éducation, et crée des espaces sûrs où elles peuvent recevoir un appui psychosocial et participer à des activités éducatives et économiques. Plus de 2 800 kits de dignité et 3 000 ustensiles de cuisine ont déjà été distribués pour améliorer les conditions de vie des familles.
Diplomatie féministe et soutien international
La diplomatie féministe française, lancée en 2019, vise à intégrer systématiquement les droits des femmes dans la politique extérieure. Sur le terrain soudanais, elle se traduit concrètement par :
Le financement de l’aide humanitaire ciblant les femmes et les filles : plus de 200 millions d’euros mobilisés depuis 2023.
La formation de médiatrices et négociatrices pour garantir leur participation aux processus de paix. Les chiffres mondiaux restent préoccupants : seulement 5 % des négociateurs d’accords de paix sont des femmes, 9 % des médiateurs sont des médiatrices et 19 % des signataires sont des femmes.
Le soutien aux organisations féminines locales, garantes d’une aide adaptée aux besoins des communautés.
La promotion de la justice et des sanctions contre les auteurs de violences sexistes et sexuelles.
Delphine O souligne :
« Former des femmes médiatrices, refuser leur exclusion des négociations, financer les organisations féminines locales et soutenir la justice transitionnelle sont essentiels pour assurer leur participation et renforcer la paix durable. »
Mobilisation et solidarité : chacun peut agir
Le manque de visibilité médiatique de la crise risque de la laisser tomber dans l’oubli. Selon Salvator Nkurunziza, la générosité du public peut concrètement changer la vie de milliers de femmes et d’enfants :
25 € peuvent financer une cuisine communautaire pour nourrir des familles
50 € permettent à une jeune fille de retourner à l’école
5 000 € contribuent à l’installation d’un puits motorisé pour fournir de l’eau potable à une communauté entière