Le regard du Jury Jeunesse sur les violences sexistes et sexuelles aujourd’hui : constats et solutions

 
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Près d’1 femme sur 3 a déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles au moins une fois au cours de sa vie (1), c’est-à-dire une « atteinte sexuelle commise sans consentement » (2). En témoigne la vague #MeToo qui a, depuis 2017, déclenché une libération de la parole des victimes et a bénéficié d’un certain écho. La mise en lumière du continuum des violences patriarcales a ensuite permis l'émergence de plusieurs #MeToo qui se sont succédés à l’échelle planétaire pour lever l’omerta qui pesait sur les victimes. Le sexisme ambiant légitime très largement ces violences perpétrées plus particulièrement à l’encontre des femmes et désigne un « agissement discriminatoire fondé sur la tradition patriarcale qui perpétue les rôles sexués (...) (3)».

Fort de cet élan de prise de parole internationale, un espoir est né pour porter ces revendications féministes et mettre fin à ces violences. Malgré cet ancrage à l’agenda politico-médiatique et le redoublement d’efforts des associations féministes, force est de constater que ces espoirs n’ont toutefois pas été suivis d’avancées majeures. L’« ensemble de pensées, d’actions, de paroles et d’habitudes qui créent un climat propice au viol et à l’impunité des violeurs »(4) alimente des résistances et incarne la culture du viol qui ne faiblit pas.

Si le combat pour l'égalité des sexes est une cause que la jeunesse devra porter pour construire un monde plus inclusif, nous voulons ici appeler l'ensemble de la société à se mobiliser pour défendre des principes de justice et d'égalité. Ayant conscience que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles n’est qu’une facette de ce combat, nous faisons le choix de traiter plus particulièrement de ce sujet suite aux récentes mobilisations dans l’enseignement supérieur qui témoignent, une nouvelle fois, de l’exposition à ces violences dès le plus jeune âge.  

Bien que les décideurs·euses aient tenté par le passé de faire évoluer les législations, leur impact est concrètement moindre et les violences persistent. Qu’est-il donc possible de mettre en place comme actions pour tendre vers l'éradication des violences ? En tant que membres du jury du prix Jeunesse d’ONU Femmes France, nous souhaitons mettre en lumière les axes que nous estimons prioritaires en faveur de l’égalité afin de proposer des solutions efficaces et pérennes pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Ces dernières années, nous avons pu assister à une institutionnalisation de la question des violences. L’évolution des dispositifs juridiques, les prises de position ouvertes de membres de la classe politique, tout comme les actions menées par les médias et entreprises, sont la preuve que ces questions commencent à être considérées à leur juste valeur.

Cependant, la lutte contre les violences se confronte encore à de nombreux freins. Cette cause suscitant des réactions réfractaires, le changement des mentalités nécessite un travail collectif de fond. 

Une des solutions pour engager le changement est de sensibiliser, d'éduquer et d'informer dès le plus jeune âge, à l’instar des interventions scolaires qui demeurent pourtant lacunaires dans plusieurs pays comme dans le cas français. Tenus de dispenser des cours d’éducation sexuelle à raison de trois séances annuelles (5), les établissements scolaires peinent souvent à les réaliser. Les dispositions légales prévues sont elles-mêmes insuffisantes ; car la prévention des IST et l’éducation à la sexualité ne sont pas les seules choses à apprendre aux jeunes. Ces derniers ont besoin d’entendre qu’elles.ils ont le droit au respect et que leurs ressentis sont légitimes. Il est crucial pour les jeunes de comprendre ce qu’est le consentement, il est essentiel de leur expliquer que certains comportements relèvent de l’agression, qu’ils ont le droit, si elles.ils en sont victimes ou témoins, de s’y opposer et qu’il est important de les dénoncer chacun.e à sa manière. Nommer les choses telles qu’elles sont les sort de la banalité et permet de déconstruire la culture du viol dans laquelle nous sommes ancré·e·s. 

Néanmoins, pour les (trop) nombreuses personnes n’ayant pas eu l’occasion d’être sensibilisées à ces thématiques au cours de leur scolarité, il n’est pas trop tard. De nos jours, les manifestations, événements, et formations apprenant à reconnaître et lutter contre les violences se multiplient et nous ne pouvons que vous inviter à y participer, à vous engager et à mettre en œuvre des actions à votre échelle pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. C’est en tous cas, le sens de notre engagement et ce à quoi nous aspirons afin de tendre vers un monde plus juste et respectueux. Un monde où chaque personne puisse jouir des mêmes droits, bénéficier du même traitement et d'une considération égale à celle d'autrui.

Les membres du Jury Jeunesse Génération Égalité Voices 2021

Annah Bikouloulou, Jean-Baptiste Butez, Méziane El Bahlaoui, Inès Hafsia, Hadja Idrissa Bah, Ruben Lambersy, Marie Lebrun, Sarah Manabre, Ariane Moret, Thomas Robert et Emmeline Vaginay 


(1) Source : Organisation Mondiale de la Santé. 

(2) Source : ONU Femmes France.

(3) Source : idem

(4) Source : Newsletter Ta Page.

(5) Loi n°2001-588 du 4 juillet 2001