L'histoire d’Aisha*, Kenya
Photo : ONU Femmes/Kennedy Okoth
“Lorsque la pandémie de COVID-19 a éclaté, cela n’a plus été possible d’aller à l’école. Rester à la maison me rendait triste, mais, au moins, j’avais une amie qui était aussi ma voisine. C’est là que c’est arrivé. Un après-midi, je suis allée chez elle pour regarder notre émission de télévision préférée. Mon amie est sortie faire une commission. Son père m’a attirée à lui et a commencé à me caresser. J’ai essayé de crier, mais il m’a plaqué ses énormes mains sur la bouche et m’a tirée jusqu’à son lit. C’était horrible et tout ce que je voulais c’était qu’il arrête. À un moment, j’ai réussi à lui donner un coup de pied et je me suis enfuie en courant. Je suis rentrée à la maison et j’ai raconté ce qui s’était passé à la première personne qui, je croyais, allait m’aider, mon père. Il a dit qu’il allait d’abord m’examiner. Et c’est là que tout a recommencé. Mon père m’a prise dans son lit. Je me rappelle être restée allongée là, sans défense, les yeux noyés de larmes. Je me rappelle m’être sentie perdue : c’était mon père et j’étais venue lui demander de l’aide. Je ne savais pas vers qui d’autre me tourner. À qui dois-je faire confiance, si ce n'est à mes parents ? Où suis-je en sécurité, si je ne suis pas en sécurité à la maison ? Plus tard, mon père a demandé des explications au voisin et l’a emmené au poste de police, où on m’a demandé de raconter ma version des faits. À ce stade, je ne pouvais faire confiance à personne, jusqu’à l’arrivée d’une policière. Je lui ai tout raconté, y compris ce que mon père m’avait fait. Après cela, on m’a emmenée dans ce refuge. Je me suis fait de nouvelles amies et j’ai repris mes études. Les mathématiques sont ma matière préférée. Quand je serai grande, je veux être pédiatre.”
Aisha*, 12 ans, vit désormais dans un refuge dans la région côtière du Kenya, avec 34 autres enfants qui ont subi des violences basées sur le genre. Depuis son témoignage, les coupables ont été arrêtés et l’affaire est au tribunal. ONU Femmes collabore et soutient ce centre afin d’aider les survivantes vivant dans des refuges dans tout le pays pendant la pandémie de la COVID-19. Ce soutien va de la fourniture de conseils psychosociaux et d'une aide juridique gratuite à la distribution de kits d’hygiène, de nourriture et d'autres produits de première nécessité aux survivant.e.s de violences, afin que les services essentiels soient disponibles pour elles.ils, même pendant les périodes de confinement de COVID-19.
*Le nom a été changé pour protéger l'identité de la victime