Leadership politique : les femmes toujours reléguées au second plan en 2025

Les dernières données de l’Union interparlementaire (UIP) et d’ONU Femmes révèlent que les progrès vers l’égalité de genre en matière de leadership politique demeurent insuffisants en ce début d’année 2025.

Une cheffe de conseil du village du district d’Alwar, au Rajasthan, en Inde, assiste à une réunion organisée par le partenaire d’ONU Femmes, The Hunger Project, afin de développer ses compétences en leadership. Des femmes se réunissent pour discuter des questions prioritaires et trouver des solutions à des problèmes tels que l’alcoolisme, le manque de routes ou d’eau potable. Photo : ONU Femmes/Ashutosh Negi.

Trente ans après Beijing : l’égalité politique toujours hors de portée pour les femmes

Les pays dirigés par des femmes demeurent l’exception

D’après l’édition 2025 de la carte « Femmes en politique » publiée par l’UIP et ONU Femmes, les hommes sont au moins 3 fois plus nombreux que les femmes au sein des gouvernements et des parlements. La carte présente les chiffres sur le pourcentage des femmes au sein des instances dirigeantes et des parlements nationaux au 1er janvier 2025.

Si la proportion de femmes au parlement a progressé de 0,3 point par rapport à l’année précédente pour atteindre 27,2 %, elle a reculé de 0,4 point au sein du pouvoir exécutif.

« La lenteur des progrès en matière de représentation des femmes au parlement est alarmante, surtout après une année marquée par de nombreux scrutins. Il est grand temps de prendre des mesures fortes pour lever ces obstacles et faire en sorte que la voix des femmes en politique soit entendue à égalité avec celle des hommes partout dans le monde. La santé de nos démocraties en dépend », a déclaré Tulia Ackson, Présidente de l’UIP.

« Trente ans après la Déclaration de Beijing, la promesse d’égalité de genre dans le leadership politique reste non tenue. Nous ne pouvons pas accepter un monde où la moitié de la population est systématiquement exclue de la prise de décision. Le temps des demi-mesures est révolu, il est temps que les gouvernements agissent maintenant pour garantir aux femmes une place égale à toutes les tables où le pouvoir s’exerce », a indiqué Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes.

Les femmes occupent les plus hautes fonctions de l’État dans seulement 25 pays. L’Europe demeure la région qui compte le plus grand nombre de pays dirigés par des femmes (12).

Bien que l’année 2024 ait été marquée par plusieurs grandes premières, notamment l’élection des premières femmes présidentes en Macédoine du Nord, au Mexique et en Namibie, 106 pays n’ont encore jamais eu de femme à leur tête.

Recul de la parité ministérielle

Au 1er janvier 2025, la part des femmes à la tête des ministères était de 22,9 %, contre 23,3 % il y a un an. Ce recul s’explique par le fait que le nombre de femmes ministres a augmenté dans 62 pays, mais a stagné dans 63 pays et a baissé dans 64 autres par rapport à l’année précédente.

Seuls neuf pays, dont la plupart en Europe, ont atteint la parité au sein de leur gouvernement, avec au moins 50 % de femmes à la tête des ministères. Ces pays sont le Nicaragua (64,3 %), la Finlande (61,1 %), l’Islande et le Liechtenstein (60 %), l’Estonie (58,3 %) et Andorre, le Chili, l’Espagne et le Royaume-Uni (50 %). Ce résultat traduit un recul par rapport à 2024, où 15 pays avaient atteint la parité à la tête des ministères.

C’est en Europe et en Amérique du Nord (31,4 %), ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes (30,4 %), que le pourcentage de femmes ministres est le plus élevé.

À l’inverse, les femmes sont nettement sous-représentées dans la plupart des autres régions, avec par exemple un taux de 10,2 % dans les îles du Pacifique (à l’exclusion de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande) et de 9 % en Asie centrale et en Asie du Sud.

Neuf pays, la plupart en Asie et dans le Pacifique, ne comptent aucune femme ministre, alors qu’ils n’étaient que sept en 2024.

La répartition des ministères est toujours soumise aux stéréotypes de genre

L’attribution des portefeuilles ministériels révèle la persistance des préjugés sexistes. Les femmes continuent de se voir confier principalement des ministères dans les domaines de l’égalité de genre, des droits de l’homme et des affaires sociales.

Les ministères régaliens, comme ceux des affaires étrangères, des finances et des affaires budgétaires, des affaires intérieures et de la défense, continuent d’être majoritairement attribués aux hommes.

Bien que les femmes demeurent sous-représentées, on constate qu’elles sont plus nombreuses à diriger d’autres ministères clés, comme la culture (35,4 %), l’éducation (30,6 %) et le tourisme (30,5 %).

Une progression qui s’essouffle au parlement

La carte a été publiée à la suite du rapport annuel de l’UIP intitulé “Les femmes au Parlement”, qui montre que, bien que 2024 ait été une année électorale hors normes, la progression de la part des femmes au parlement a enregistré son plus faible niveau depuis 2017.

Les données révèlent également d’importantes disparités régionales. Les Amériques se distinguent avec la plus forte proportion de femmes parlementaires (34,5 %) et de présidentes de parlement (33,3 %). L’Europe suit de près, avec 31,8 % de femmes siégeant au parlement et 30,4 % occupant la présidence de ces institutions. En revanche, la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord reste en retrait, avec seulement 16,7 % de femmes parlementaires et aucune femme à la tête d’un parlement.

À noter néanmoins que le nombre total de femmes présidentes de parlement est passé de 62 (sur 273 postes au total, soit 22,7 %) en 2023 à 64 (sur 270 postes, soit 23,7 %) en 2024.

Quant à la vice-présidence des parlements, elle est désormais assurée à 32,6 % par des femmes, contre 28,9 % en 2023.